Benedetta
Adapté de l’ouvrage historique Sœur Benedetta, entre sainte et lesbienne de Judith C. Brown (Gallimard, 1987), le nouveau film de Paul Verhoeven relate l’histoire sulfureuse d’une religieuse qui se prétendait mystique et accusée d’homosexualité au couvent des Théatines de Pescia (Italie) au XVIIe siècle.
Placée chez les Sœurs dès l’âge de 9 ans, Benedetta (Virginie Efira, remarquable), convaincue d’avoir vu la Vierge, se prédestine à une vie ascétique. Devenue adulte, ses vœux pieux sont ébranlés par l’arrivée de Bartolomea (Daphné Patakia). Comme un loup débarqué dans la bergerie, la jeune novice met la foi de la religieuse à l’épreuve de la chair. Tiraillée entre des visions mystiques (Jésus, l’époux céleste la sauve maintes fois in extremis) et la tentation érotique assouvie à travers une relation lesbienne dévorante, la nonne bientôt catapultée Mère supérieure devra rendre des comptes à l’Église et sera condamnée au bûcher.
Pour illustrer cette dualité entre le désir et la morale religieuse, Verhoeven ne lésine pas sur les symboles à double fonction, l’immaculée figure christique muée en serpent tentateur, la statuette de la Vierge option sex toy. On relèvera le côté kitsch et grotesque de certaines séquences hallucinées, tout en approuvant la thèse de l’ambiguïté de la croyance défendue par le cinéaste.