Beatrice Cenci
En 1969, Lucio Fulci (L’au‑delà, La maison près du cimetière) relate le destin tragique de Beatrice Cenci, jeune femme jugée pour parricide et sacrifiée dans la fleur de l’âge.
Initialement réalisé pour la télévision, le biopic concentre les thématiques phare du maître de l’horreur organique, de l’ambiguïté morale à l’explosion des tabous, de toute manière discutables au Moyen‑Âge. Mi‑ange mi‑démon, Beatrice Cenci brise les tabous autant qu’elle se joue de Dieu. Un personnage ambivalent et séduisant, lequel détient finalement le pouvoir de vie et de mort sur ses prédateurs, à savoir son père (Georges Wilson) et son domestique (formidable Tomas Milian, coutumier des séries B italiennes).
À une époque où la femme est inféodée au carcan patriarcal, l’héroïne s’affranchit grâce à son art de la manipulation (exit la vision d’un féminisme tout blanc), et ce, en dépit d’une délivrance concomitante à la mort. Avec une crudité absolue, Fulci évoque les rapports de force entre les genres, la chair et le sang devenant l’incarnation de l’obscurantisme moyenâgeux.