par Carina Ramon
08 juin 2021 - 10h30

Basic Instinct

année
1992
Réalisateur
InterprètesMichael Douglas, Sharon Stone, Jeanne Tripplehorn
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Le sulfureux thriller de Paul Verhoeven avec Sharon Stone (la romancière Catherine Tramell) et Michael Douglas (le détective Nick Curran) revient en coffret Steelbook 4K UHD Collector.

 

Sorti au cinéma il y a près de trente ans, le film de Paul Verhoeven a récemment été restauré par Studiocanal à partir du négatif 35 mm original. Une mise à jour 4K UHD supervisée par Verhoeven lui‑même.

 

Connu pour son goût pour la provocation, le réalisateur hollandais opte ici pour un traitement sophistiqué de la sexualité et fournit sans doute au cinéma l'une de ses scènes les plus cultes, pourtant longue d'à peine quelques fractions de seconde… Le film est par ailleurs parsemé de références à Sueurs froides (rien que la tenue blanche de Catherine Tramell rappelle celle de Kim Novac dans le film de Hitchcock) et lui emprunte aussi son thème central autour d'une histoire d'attraction vénéneuse, à la fois récit d’aventures, film criminel et odyssée psychanalytique sombre et puissante. Une sorte de version extrême et fantasmée du film de Hitchcock, qu'il n'aurait pu montrer à l'époque.

 

Un thriller sulfureux plastiquement magnifique (lumière signée du DOP Jan de Bont), présenté ici dans sa version longue non censurée (crime d’ouverture rallongé de quelques plans sanglants, mort de Gus plus explicite, scène de viol plus éprouvante et séquence de sexe entre les deux amants plus longue). À revoir de A à Z.

sur les réseaux
proposer une vidéo
test
4k
blu-ray
cover
- de 12 ans
Prix : 29,99 €
disponibilité
16/06/2021
image
1 UHD-66 + 2 BD-50, 128', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Allemand DTS-HD Master Audio 5.1
Allemand LPCM 2.0
sous-titres
Français, anglais, allemand
8
10
image

Nouveau scan des négatifs dont certains refaits à partir de l'internégatif suite aux coupes de la version censurée, souci de conservation du grain et textures d'origine, homogénéisation entre les parties anciennes et retrouvées… en cinq mots : bravo aux équipes de Studiocanal. Les petits fourmillements qui taquinaient autrefois le fond de l'écran ont disparu. Plus aucun défaut à l'horizon, tout est clean, limpide, bardé de lumière (surtout en extérieur), net et tranchant. 

 

Dès le début du film, les chromes des voitures brillent, le soleil de San Francisco inonde le cadre. C'est le monde des hommes, lumineux, fier et viril. Déjà, le HDR10 saute aux yeux et propose un relief inédit. Les scènes intérieures, rouges, bleues, flamboyantes, ont conservé leur côté feutré et mystérieux tout en passant un cap dans l'intensité des couleurs. Le design du film n'en est que plus tranché et radical, à commencer par la scène de l'interrogatoire rehaussée par Jan de Bont de néons bleutés et de formes géométriques à la Mondrian. Sur son estrade, Sharon Stone domine, elle est dans la lumière, les hommes dans l'ombre, telles des proies. 

 

En réalité, jamais le film n'a semblé aussi jeune, élégant et beau. Les partis pris esthétiques très forts de Jan de Bont ressortent à merveille (les tonalités rosées sont magnifiées pour un look charnel préservé), aidés par un sens inné du cadrage de Paul Verhoeven. Une restauration dans les règles de l'art et une allure générale impeccable. Et même si la définition n'est pas comparable à celle de films plus récents (rendu toujours un peu doux), ce qui compte ici, c'est le fort pouvoir d'attraction du film, bien réel voire largement décuplé.

8
10
son

Le merveilleux thème musical de Jerry Goldsmith hitchcockien en diable, à la fois lancinant, mystérieux et sensuel, ressort parfaitement en VO comme en VF (cette dernière pèche toutefois par son doublage, le jeu diffère vraiment). Dans les deux cas, la redoutable dynamique frontale fait fureur, bien aidée par des canaux arrière très actifs et une précision largement supérieure à ce que nous avons déjà entendu autrefois. La scène de poursuite sur la corniche et la séquence de la boîte de nuit n'ont jamais été aussi intenses. De la clarté et de la précision, largement de quoi redécouvrir certains détails passés jusqu'ici inaperçus. Un film d'ambiance avant tout. Mais quelle ambiance.

8
10
bonus
- Basic Instinct, Sex, Death & Stone (53')
- Basic Instinct, une bande originale intemporelle (16')
- Blonde poison, making of (25')
- Autour de Basic Instinct (6')
- Comparaison avec le story-board sur trois scènes (11')
- Essais des actrices comparées aux scènes finales (9')
- Commentaires audio de Paul Verhoeven et Jan de Bont
- Commentaires audio de Camille Paglia
- Bande-annonce
- Livret et ses notes de production du film
- Blu-Ray du film et bonus

On dégustera avec plaisir le documentaire Basic Instinct, Sex, Death & Stone diffusé récemment à la télévision, comprenant des interviews exclusives de Paul Verhoeven, Sharon Stone, Michael Douglas, l'éditeur Frank J. Urioste, l'écrivain Joe Eszterhas et le directeur de la photographie Jan de Bont.

 

Un document bardé d'anecdotes retraçant par les principaux intéressés la genèse du film à une époque où le cinéma hollywoodien devenait au goût de Michael Douglas un peu trop conservateur. On apprend ainsi qu'il a été écrit en treize jours par le scénariste Joe Eszterhas (les deux personnages du film lui ont été inspirés par deux rencontres un peu particulières), que le tout‑Hollywood s'est battu pour acheter le film (sauf la Fox) et que l'agent de Sharon Stone a volé le scénario pour que la comédienne puisse le lire en entrant par effraction dans le bureau de production avec sa carte bancaire en guise de pass magique… Quant au casting pour le rôle de Catherine Tramell, les scènes de nu en ont effrayé plus d'une, pas Sharon Stone qui subjugua instantanément son auditoire. Restait plus qu'à convaincre Michael Douglas, également producteur du film, qui voulait à tout prix une star pour le rôle. L'actrice raconte avec sincérité à quel point il la poussa sur le plateau dans ses derniers retranchements de comédienne.

 

Le reste des bonus est parfois redondant et plus ancien, parfois captivant comme le sujet sur la fameuse bande originale de Jerry Goldsmith. 

 

Les commentaires audio sont quant à eux un bonheur de cinéphile. Entre celui de la professeur en sciences humaines de la fac de Lettres de Philadelphie, exégète du film en mode analyse filmique, et celui des comparses Paul Verhoeven et Jan de Bont, on savoure chaque seconde. Et on comprend que seule Sharon Stone sait réellement si le fameux plan de la fameuse scène était intentionnel ou pas… Côté Jan de Bont, vu l'emplacement de la caméra, pas de mystère quant à son intention de capter de ce qu'allait ou non lui offrir Sharon Stone…

en plus
soutenir
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !