Barbie
À Barbie Land, Barbie vit une vie de rêve dans un monde idylliquement rose, totalement conçu pour elle. Un jour, elle va cependant commencer à se poser des questions sur l’existence et entraîner Ken avec elle dans le vrai monde…
La poupée qui fait… pas grand‑chose
On va sans aucun doute encore palabrer des années durant sur Barbie tant le film de Greta Gerwig (Les filles du docteur March) est sujet à interrogations. Est‑il une cynique pub Mattel sous couvert de féminisme ? Est‑il un brûlot antipatriarcat sous couvert de comédie potache ? Est‑il un peu tout cela à la fois ou juste un simple divertissement surfant sur l’air du temps, produit par une marque de jouet en quête de respectabilité ? Nous ne le saurons jamais, mais force est de constater qu’une fois le film passé, il n’en reste pas grand‑chose. Hormis une géniale direction artistique et une ironie qui fait souvent mouche.
À part cela, rien à se mettre sous la dent. Oui, c’est drôle, mais pas autant que le sketch de Florence Foresti sur l’avion de Barbie. Et non, ça ne fait pas vraiment grincer des dents jusqu’aux gencives, comme on aurait pu l'espérer avec un tel postulat. La guerre des sexes annoncée n’est pas là pour faire de victimes ! À la fin, tout le monde est beau et gentil, on est tous faits pour vivre ensemble, hommes et femmes, dans une belle harmonie (à défaut d’égalité).
Au final, le grand gagnant du film est surtout Mattel, qui remet à la mode un jouet des plus rétrogrades, voire ringard, et empoche au passage un bon pactole vu que la compagnie produit Barbie et que le film vient d’accéder à la quatorzième place des plus gros succès du box‑office mondial de tous les temps. La pensée féminisme n’en ressort pas forcément perdante non plus, mais certainement avec tout de même un petit goût amer en bouche. Comme souvent, au final, les femmes donnent l’impression de s’être fait avoir. Lire un Despentes aurait probablement été plus utile à la cause. Si tant est, bien sûr, que le film se veuille un brin militant.
Poupée barbante ?
Reste que ce Barbie est fascinant. Véritable ovni dans tous les sens du terme avec un petit côté Tim Burton acidulé peinturluré en rose bonbon. La mise en scène est géniale, tout a été pensé dans les moindres détails. C’est incroyable à voir, surtout après plusieurs visionnages.
Ce qui ne sera pas sans déplaire à celui qui s’arrête à l’emballage. Le film est clinquant, ça chante, ça danse et la bande‑son mitonnée par Mark Robson est formidable. Bref, on ne s’ennuie pas (trop). Ryan Gossling et Margot Robbie s’amusent à coups d’autodérision autour de l'image de sex‑symbol qu’ils incarnent depuis des années. Mais on aurait aimé un film avec un peu plus de fond, de réflexions et moins de caricatures. On regrette que la réalisatrice se soit un peu perdue dans sa maline idée de départ pour livrer au final un film bien woke, à la limite du Disney. C’est dire !
Au cinéma, cette idée de renverser les rôles avait tout de même donné des films peut‑être plus maladroits, mais beaucoup plus intéressants, tels le Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf ou le méconnu White Man de Desmond Nakano. Avec ce Barbie, on espérait donc un peu plus…
Surtout que le film est inégal. Certes, il commence superbement bien avec sa parodie de 2001 suivie d’une scène d’exposition géniale accompagnée d’une voix off surprenante, Ryan Gossling et Margot Robbie prouvent encore une fois qu’ils peuvent tout jouer, mais le soufflé retombe assez vite. Par certains aspects, Barbie est même assez répétitif et souvent lourd. Un comble pour une poupée poids‑plume.