par Laurence Mijoin
20 janvier 2012 - 12h45

Baraka

année
1992
Réalisateur
Interprèteaucun
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Dans les années 60, un genre, le mondo, faisait son apparition, brouillant les frontières entre cinéma et documentaire. Mais, exploitation oblige, les images de bout du monde étaient surtout prétexte à verser dans le sensationnalisme, voire dans le voyeurisme et la violence pour les plus extrêmes d'entre eux. Ce montage de séquences parfois mises en scène avait pour objectif de produire un effet choc sur le spectateur.

Bien que la démarche semble similaire avec Baraka ‑concevoir un film à partir d'images réelles et créer un sens grâce au montage‑, c'est l'effet inverse que le réalisateur Ron Fricke obtient : proposer un trip transcendantal glorifiant la beauté de la Terre, l'universalité de la spiritualité malgré les différences de nationalité ou de religion. C'est donc l'essentiel de la vie de chaque être humain, et même de chaque être vivant, qui est résumé dans ce film inclassable : la vie, la mort, la contemplation, le rapport avec Mère Nature, mais aussi l'injustice géographique (Fricke montre la pauvreté extrême, la pénibilité du travail à la chaîne, la condition terrible d'enfants SDF).

Œuvre qui a inspiré bon nombre de cinéastes ‑Terrence Malick et son The Tree of Life en tête‑, Baraka n'est pas un pamphlet engagé au sens strict du terme (comme l'a fait Nicolas Hulot, de la même manière, avec son Syndrome du Titanic), mais une élégie lente et majestueuse, dépourvue de narration, brossant un portrait de la Terre que nous foulons tous. Une méditation jamais moralisatrice qui rappelle, vingt ans après sa conception, la fragilité d'un monde plus que jamais malmené.

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blu-ray
cover
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
01/12/2010
image
BD-50, 98', toutes zones
2.20
HD 1 080p (VC-1)
16/9 natif
bande-son
DTS-HD Master Audio 5.1
Dolby Digital 5.1
sous-titres
Aucun
10
10
image
Comment trouver mieux que cette image bénéficiant d'un scan 8K (pour mémoire, le premier Alien en Blu‑Ray était en 4K !), véritable démo de ce dont est capable le format HD (même si le 8K dépasse largement ses capacités, la multitude de détails de cette copie garantit une précision accrue). Après une restauration minutieuse (explicitée dans le bonus dédié), Baraka dévoile enfin toute sa splendeur, des portraits d'hommes, de femmes et d'enfants du bout du monde aux nuits étoilées d'Australie, en passant par l'immensité de l'Everest ou l'incroyable minutie des fresques d'une mosquée d'Iran. La compression est indétectable, le noir de la nuit d'une profondeur absolue, et l'on détecte chaque ride du visage d'un Indien priant dans le Gange à Varanasi. Les couleurs vibrent, explosent, tout en évitant l'artificialité de contrastes trop appuyés. Un must.
10
10
son
Comme pour l'image, cette édition HD a vu les choses en grand pour le son, avec une piste DTS‑HD Master Audio 5.1 96 Hz/24 bits (ainsi qu'un Dolby Digital 5.1 très correct). Sans paroles, la bande originale, faite de la musique de Michael Stearns (entre autres) et de bruits de la nature, révèle toute son ampleur ici, dans un mixage qui mise sur la finesse, le naturel et la puissance. Les basses vibrantes nous font frissonner, comme cet arbre immense tombant dans toute sa lourdeur ancestrale, entraînant ses congénères sur son passage. Mais l'objectif de cette édition n'est pas de verser dans le spectaculaire à tout prix, mais bien d'offrir une expérience sensorielle en adéquation totale avec les images. Il suffit d'écouter le sublime The Host of Seraphim du groupe Dead Can Dance pour s'en convaincre.
8
10
bonus
- Au cœur de Baraka (73')
- Focus sur la restauration (7')
Une vingtaine d'années après sa conception, l'équipe de Baraka revient sur son tournage titanesque dans ce supplément de 73 minutes, qui n'est pas sans rappeler le célèbre Hearts of Darkness, documentaire sur Apocalypse Now. Ce bonus révèle en effet toutes les difficultés inhérentes à un tournage aux quatre coins du monde pour satisfaire un niveau d'exigence que n'aurait pas renié Coppola. On découvre les motivations du réalisateur Ron Fricke de mettre en scène un véritable instantané de la spiritualité mondiale pour « toucher l'inconscient du spectateur ». C'est un travail de Titan qui a été accompli pour obtenir l'image parfaite, les membres de l'équipe, interviewés ici, racontant moult anecdotes hallucinantes illustrant le caractère dantesque des prises de vues. Panne de moteur de leur avion au‑dessus d'une forêt kényane, mouches par milliers s'infiltrant dans leurs narines à Ayers Rock en Australie, bouteille de vodka offerte en Pologne et interceptée à l'aéroport en Iran, manquant de déclencher un incident diplomatique, voire pire… Un bonus véritablement passionnant. Un second supplément propose de s'intéresser à la restauration mise en œuvre pour cette édition, bénéficiant de la rare résolution 8K, expliquant la complexité d'un tel processus (il faut trois semaines simplement pour numériser le film en HD image par image). Mais le résultat en vaut vraiment la peine.
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