Bad Grandpa
Difficile pour les Jackass de tourner un nouvel opus de leurs exploits qui font mal sans Ryan Dunn, décédé au volant de sa Porsche en 2011. L'ambiance n'y est plus (pour le moment) et c'est vers la fiction que s'est tourné Johnny Knoxville pour mettre en scène ces caméras cachées tournées au cœur de l'Amérique qui prie, joue au bingo, se rince les yeux dans les clubs de strip‑tease et carbure aux burgers.
Après trois longues heures de maquillage quotidien, le charismatique Johnny Knoxville troque donc ses célèbres Rayban pour les binocles de Irving Zisman, grand‑père trash de 86 ans qui a gardé toute sa verve d'antan. Un papy gâteux accroc au sexe qui doit accompagner son petit‑fils de 8 ans, Billy (Jackson Nicoll, une vraie découverte), à l'autre bout du pays chez son père, le temps que la mère purge sa peine de prison.
Voilà pour la petite histoire qui sert de fil rouge à cette série de caméras cachées allant de la situation cocasse (Billy demande à des hommes dans la rue de bien vouloir l'adopter) au grand n'importe quoi salace (papy Irving se lâche sur la piste de strip-tease), voire scatologique (on vous passe les détails). On retrouve donc bien la marque de fabrique des Jackass (Spike Jonze, Johnny Knoxville, Jeff Tremaine à la production et au scénario, comme pour Jackass 3), mais on lorgne cette fois davantage du côté d'une humanité à la fois touchante et agaçante.
Stoïques et bouche bée devant l'inimaginable, prêtes à en découdre en une fraction de seconde ou bien trop puritaines pour être honnêtes, toutes ces personnes piégées par Johnny Knoxville révèlent chacune à leur manière une facette de cette Amérique à la fois bien‑pensante et adepte des armes. Une ambivalence particulièrement visible dans la saynète du concours de mini‑miss qui dérape : les parents, pourtant prêts à tous les artifices pour voir triompher leur progéniture, leur cachent les yeux dès que l'imprévu débarque sous l'impulsion du petit Billy, lui aussi grimé à l'excès.
Au final, malgré un rythme lent (on aurait aimé encore plus de caméras cachées), Bad Grandpa apporte encore une fois un vent de folie bienvenu, dynamitant tout sur son passage. Éclats de rire garantis et moments plus touchants quand une association de bikers, tatoués et velus, prend fait et cause pour le plus faible.