Baccalauréat
Romeo (Adrian Titieni), médecin quinquagénaire, pousse sa fille lycéenne à poursuivre ses études en Angleterre. Élève assidue et douée, Eliza (Maria Victoria‑Dragus) a toutes les chances d’obtenir une bourse et de réaliser le rêve de son père, mais suite à une agression, elle perd temporairement l’usage de sa main droite. Romeo est prêt à tout afin qu’elle puisse passer ses examens, quitte à donner dans des magouilles frauduleuses.
Parfois, la filiation sert à projeter un horizon que l’Histoire n’a pas forcément offert à ses citoyens. Elle serait capable, en l’occurrence, d’atténuer les frustrations malignes d’une jeunesse révolue, quand bien même celles‑ci poursuivent leur entreprise de démolition au cœur d’une famille loin d’être modèle. Tandis que son épouse Magda (Lia Bugnar) affiche une mine de dépressive patentée, Romeo court les jupons d’une trentenaire, mère célibataire et ancienne patiente. À entendre les propos désabusés de ce couple moribond, les lendemains n’ont fait que déchanter depuis le régime communiste de Ceausescu. La complainte des déclassés alimente ainsi une irrésistible envie de jouer avec le feu, dès lors que l’avenir de leur progéniture surprotégée (c’est la mère de Romeo qui le dit) entre en jeu.
Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours) passe aisément du drame domestique au thriller sobre mais glaçant, une vitre brisée présageant le bourbier dédaléen dans lequel le père de famille, à la fois lâche et aimant, s’engouffre inexorablement.