Baal
Baal (Rainer Werner Fassbinder), jeune poète anarchiste, mène une existence itinérante entre les bas‑fonds et les résidences bourgeoises de ses mécènes. Son goût pour la démesure, l’ivresse et l’amour le précipite bientôt dans une spirale autodestructrice.
Adaptation de la première pièce du dramaturge allemand Bertolt Brecht, Baal est transposé dans le contexte libertaire de 1969. Le cinéaste Volker Schlöndorff (Le tambour, L’honneur perdu de Katharina Blum) dirige pour l’occasion l’immense Rainer Werner Fassbinder, qui n’était encore qu’un inconnu à l’époque. Parmi les comédiens du film, on retrouve aussi deux membres de sa troupe, Hanna Schygulla et Margarethe von Trotta.
Si les quelques séquences de conflits tumultueux en huis clos obéissent encore à leur matière théâtrale originelle, le cheminement chaotique du héros brechtien s’échappe fréquemment des limites conventionnelles. Chien fou, alcoolisé et misanthrope, il dissémine un verbe chargé de symboles à la fois profanes et divins. À l’instar d’un certain cinéma‑vérité, la caméra le traque au plus près de sa traversée nomade, en saisit les vertiges et le souffle dissonant jusqu’au fatidique dénouement.
Une fascinante descente aux enfers, à travers laquelle Fassbinder s’abîme, le corps suintant et l’âme à la dérive.