Ave César !
Hollywood, années 50. Eddie Mannix est l'éminence grise des studios Capitol. Mannix est l'homme qui répare les dérapages de stars, fait taire les rumeurs, détourne les enquêtes de police et distribue les rôles au cheptel de techniciens et de comédiens œuvrant pour Capitol. Évidemment, Mannix est appelé en renfort quand le coûteux tournage du péplum Avé César ! est interrompu par l'enlèvement de la star du film, le très populaire et très demeuré Baird Whitlock.
Avé César ! est une salve d'hommages à tous les genres hollywoodiens qui ont fait vibrer les frères Coen durant leur enfance : péplum, western, comédie musicale, féerie aquatique, romance… Sur un filiforme fil rouge tenu par le personnage de Mannix (excellent Josh Brolin), démiurge sans scrupule de Capitol mais drogué aux confessions quotidiennes, de formidables numéros d'acteur se succèdent.
Ralph Fiennes excelle en réalisateur de romances un peu précieux contraint de gérer une nouvelle star venue du western. Scarlett Johansson fait rêver à nager dans une féerie à la Esther Williams, jusqu'à ce qu'on l'entende parler comme un soudard. Tilda Swinton fait rire en incarnant des sœurs jumelles, impitoyables rivales en collecte de cancans. Channing Tatum stupéfie dans un numéro de claquettes de haute voltige… On pourrait continuer cet inventaire à la Prévert mais le principe est compris.
Avé César !, malgré son titre qui aurait dû lui valoir ici toutes les indulgences, ressemble à une luxueuse collection de miniatures dopées à la science du cadrage et aux dialogues grinçants des frères Coen. En confiant une série de belles séquences à des acteurs amis et presque tous excellents (à l’exception d’'un George Clooney en « flag » de cabotinage), les frères Coen sont moins parvenus à ériger un palais à la gloire d'un certain âge hollywoodien qu'un modeste immeuble d'appartements meublés avec goût.