par Jean-Baptiste Thoret
23 octobre 2012 - 18h46

Avatar 3D

année
2009
Réalisateur
InterprètesSam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Michelle Rodriguez, Giovanni Ribisi, Joel Moore
éditeur
genre
notes
critique
7
10
label
A

Conçu pendant la seconde mandature de Bush, entre chute de tours ‑ici rejouée par celle de l’arbre matrice des Nav’is‑, répression post‑11 septembre et guerre en Irak, Avatar est politiquement anachronique et écologiquement à l’heure.

Politiquement anachronique, puisque sur l’échelle de l’Histoire américaine, il appartient pleinement au début des années 2000 pré‑Obama (vision binaire des enjeux et du progrès, militaires sadiques et surarmés contre peuple opprimé doté de fléchettes…) ; et sur celle de l’Histoire du cinéma, il renvoie à tous ces films de la fin des années 60 (Little Big Man, Soldat bleu) qui réévaluaient la conquête de l’Ouest, ou le fiasco vietnamien, du point de vue des Indiens/Vietcongs.

Mais Cameron compense ce retard du récit par un synchronisme parfait avec l’air du temps et son universalisme écologique, moyennant une rage naïve propre à quelques‑uns des grands récits américains. La planète Pandora, version d’Épinal et d’Oz d’un Eden scintillant, chef‑d’œuvre visuel qui naît sous nos yeux éblouis et ceux de l’avatar Jake Scully, incarne bien sûr notre bonne vieille Terre, d’avant la catastrophe, exploitée et massacrée par des consortiums militaro-industriels. D’où l’impression, in fine, d’un sidérant mouvement de tambour technologique débouchant sur la petite ritournelle consensuelle et archi rebattue d’un orchestre de province (en l’occurrence la bouillie techno-flûte de James Horner), qui nous redirait combien notre sweet home est précieux.

Comme si, pour faire passer la pilule technologique et le nouveau type de regard que le film suppose (via la 3D au cinéma et en attendant le Blu‑Ray 3D en 2011, nous voici installés en lieu et place de la rampe, ni devant le film, ni vraiment à l’intérieur, sorte de gamer sans joystick immergé dans un film qui ne cesse de brouiller les frontières entre l’expérience du cinéma et celle du jeu vidéo), Cameron « l’entertainer » avait visé le plus large dénominateur commun, moyennant une vision du Bien (le sauvage) et du Mal (le civilisé) a minima, avec exaltation de la Nature et panthéisme de circonstance. Le contraire de Matrix en somme, qui recouvrait la complexité technique d’une épaisse couche théorico‑mystique (de Platon à Baudrillard), et fit couler l’encre monstre que l’on sait.

Pourtant, ce qui rend Avatar si troublant, et finalement si impressionnant, tient dans la parfaite coexistence visuelle que Cameron et ses magiciens du disque dur ont su établir entre les Na’vis, ces créatures bipèdes de 3 mètres de haut, coiffures rasta et immense queue par laquelle ils se connectent à la Mère Nature, et les humains. À tel point que l’humanité irrigue à merveille ces êtres de synthèse (et même le héros paraplégique du film, qui ne revit que dans la peau pixelisée de son avatar), tandis que le machinique, le programme et la folie technologique dé‑réalisent les humains.

Car une même obsession traverse toute l’œuvre post‑apocalyptique de James Cameron, celle d’une guerre aussi vieille que le monde, entre deux espèces qui, plutôt que de cohabiter, choisissent de s’anéantir. Versants optimistes de ce conflit : Titanic (la passion entre deux individus issus de classes sociales opposées) et Abyss en 1989, soit le dialogue entre une poignée de chercheurs idéalistes (les vrais héros cameroniens, ceux qui font le pari de la compatibilité entre des deux altérités) et des extraterrestres aqueux. Version sombre : soit l’alliance entre l’homme et la machine, incarnée par les deux Terminator et Aliens, auxquels Avatar, qui offre à Sigourney Weaver un rôle stratégique, se réfère souvent.

Si Avatar fait date ‑et l’on comprend pourquoi il aura fallu attendre douze ans pour que le cinéma se hisse techniquement à la hauteur de cette ambition métaphysique‑ c’est qu’en 160 minutes, il rend caduque (reformule, réinterroge…) tout une série d’oppositions sur lesquelles l’art et le cinéma se sont depuis toujours fondés (Soi/l’Autre, l’Humain/l’Inhumain, le Virtuel/le Réel, l’Original/l’Avatar). En ce sens, Avatar est bien le film d’un nouveau monde.

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cover
Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
17/10/2012
image
1 BD-50 3D + 1 BD-50 2D + 1 DVD-9, 163', toutes zones
1.78
HD 1 080p (MVC 3D)
16/9 natif
bande-son
Français DTS 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, anglais, danois, finnois, allemand, néerlandais, norvégien, suédois, russe, grec, hongrois, portugais, slovène, croate, tchèque
10
10
image
C'est bien sûr la 3D qui nous intéresse dans ce nouveau coffret. Évidemment, on retrouve l'intégralité des qualités citées précédemment (voir ici le test Blu-Ray 2D de Avatar), l'impression de relief augmentée de 100%. L'effet est saisissant sur les scènes dans la jungle pandorienne, lors des scènes aériennes à dos d'Irkam ou même dans la salle de contrôle, avec cartographie virtuelle palpable. Il suffit de tendre la main… Lisibilité, efficacité, un grand merci à Monsieur Cameron, qui a porté ce projet 3D de A à Z avec les laboratoires Panasonic (rappelez‑vous, dès 2010, le BD 3D du film était uniquement disponible avec les matériels signés Panasonic). Tout juste pouvons‑nous noter une baisse logique de la luminosité, toutefois bien gérée par un master spécialement ré‑étalonné pour cette version 3D. Mais ce qui surprend vraiment, c'est l'intégration de cette 3D au sein même du film, à la fois naturelle et totalement évidente. À tel point que l'on en oublie presque d'être épatés, bien trop accaparés par le film, en totale immersion. C'est bien simple, rien ne vous sortira de votre rêve. Aucun défaut, aucune gêne ou presque : les plus pointilleux décèleront un poil d'effet fantôme. Avatar pensé et fait pour la 3D, définitivement. Pas de Top image ici : tout le film vaut la revoyure.
8
10
son
Impressionnant design sonore avec un niveau de basses, une circulation d'effets et un canal LFE à couper le souffle ! En revanche, on regrette que la partition de James Horner ne soit pas plus épique et plus prenante. Le film est tellement fort visuellement, que la bande originale n'est malheureusement pas à la hauteur. En revanche, du côté de la circulation des effets et du renfort des basses, c'est bien meilleur qu'en salles. Dommage également que seule la VO bénéficie d'un encodage DTS-HD MA 5.1. Cela dit, la VF DTS (mi-débit), moins précise et moins riche en détails sonores, possède néanmoins un punch de déménageur, un charisme incroyable et une envergure folle.
2
10
bonus
- Version Blu-Ray 2D et DVD du film
Pas grand‑chose ‑rien en fait‑ à se mettre sous la dent. Mais entre le BD 3D, la version HD 2D et le DVD du film, on a de quoi faire… Notre petit doigt nous dit qu'une version méga‑ultra‑supra‑Collector fera un jour son apparition…
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