Avant l'aube
Frédéric Boissier (Vincent Rottiers) travaille en tant que stagiaire dans un grand hôtel de luxe à la montagne. Il devient très vite le protégé du directeur Jacques Couvreur (Jean‑Pierre Bacri). Ce déploiement spontané d’attention n’est pas sans intérêt, le jeune homme sait quelque chose à propos de son patron, mais choisit le silence, qui n’est pas sans risques.
Après une ouverture fortement influencée par celle de Shining (Kubrick, 1981), nous voilà rivés, avec notre héros stagiaire, à un imposant hôtel, au beau milieu de nulle part. La neige battante donne la température du film, glaciale, comme les rapports belliqueux entretenus par le propriétaire des lieux avec son fils (qui n’ont en commun que leur secret accidentel). Le jeune Frédéric, projeté malgré lui dans cette affaire de meurtre, devient un objet de manipulation idéal. Lui qui a toujours manqué de tout, dégote un emploi confortable, a le droit de conduire la voiture du patron et de s’asseoir à sa table.
Première impression : un rejeton de la classe populaire se trouve un père de substitution. Mais, loi violente des hiérarchies oblige, la bourgeoisie n’accueille l’Autre que pour un deal. Elle l’utilise et l’abrite, le temps de la machination, pour mieux l’évincer ensuite. Subtil et dense, auréolé d’une aura chabrolienne, le second long métrage de Raphaël Jacoulot (Barrage) a l’obligation de ne pas passer inaperçu.