Aurélie Dupont, l'espace d'un instant
Sacrée danseuse étoile de l’Opéra de Paris en 1998, soit à l’âge de 25 ans, Aurélie Dupont a fait l’objet d’un documentaire de Cédric Klapisch, qui l’a suivi durant près de quatre ans pour capter des images inédites de son travail. Sensible à la danse depuis son plus jeune âge, le réalisateur de L’auberge espagnole s’est intéressé au parcours de l’une des plus célèbres danseuses françaises, pénétrant dans sa bulle en s’arrêtant toutefois aux portes du métro, pour ne dévoiler que la part professionnelle de sa vie.
Pourtant, on pénètre bien dans l’intimité d’Aurélie Dupont, dans ses douleurs (les fameux chaussons blessant ses pieds) et ses nombreuses métamorphoses. On la découvre à l’intérieur et l’extérieur de l’Opéra Garnier, discrète dans les rues de Paris et flamboyante sur scène. On la voit se préparer dans ses loges, assurant son maquillage, ajustant sa coiffe. On peine pour elle durant ses entraînements, transpirant dans son ensemble jogging/tutu. On la suit pendant et après sa grossesse, retrouvant son corps filiforme et musclé comme si rien ne s’était passé. On l’écoute parler de sa passion, et briser peu à peu tous les clichés inhérents à la danse classique. Pour l’art, la rigueur est de mise, physiquement, mentalement. Mais cela n’impose en rien des carcans moraux aux artisans de l’opéra, bien plus décomplexés qu’on veut bien le croire.
Enfin, on comprend ce que « l’espace d’un instant » du titre du documentaire signifie vraiment. Dans le monde de la danse classique, l’âge de la retraite est fixé à 42 ans. Tout ici est fugace, un geste gracile, l’enchantement sur scène, la carrière. Mais Cédric Klapisch parvient à capter ces moments aussi éphémères que précieux. Un portrait admiratif dénué de commentaires qui devrait toucher les amateurs éclairés.