Au service de la France saison 1
1960. André Merlaux intègre les autoproclamés meilleurs services secrets au monde : ceux de la France gouvernée par Charles de Gaulle. Désireux de bien travailler, mais sans faire de vague, André Merlaux va être pris en main par ses collègues et promené de Paris à Moscou en passant par Alger.
Si, depuis quelques jours, on a moins envie de rigoler avec les services d'espionnage nationaux, il faut reconnaître à la série Au service de la France une qualité rare en ces jours sombres : elle délie les zygomatiques. Cette série écrite par Jean‑François Halin (ex‑auteur des Guignols de l'info et scénariste d'OSS 117) propose une incursion pour rire dans les services secrets tricolores au moment des années 60. Fonctionnaires feignants comme des couleuvres, racistes, misogynes, incompétents… la charge aurait pu être lourde voire lourdingue. Elle est en fait réjouissante, car tous les personnages, aussi crétins soient‑ils, ont une petite épaisseur, un quelque chose qui les rend humains.
Parmi les créations les plus réussies de la série, on évoquera Jean‑René Calot, spécialiste des pays de l'Est, tellement paranoïaque et perdu dans sa tête qu'il ne sait lui‑même plus s'il est une taupe et demande à ses collègues de le torturer pour le faire parler. Autre création hilarante, le colonel Maurice Mercaillon, le chef du service, qui a manifestement très bien vécu l'Occupation même s'il s'est acheté sur le tard des diplômes de résistance et de gaullisme.
Au milieu de ce ramassis de peigne‑culs, arrive André Merlaux, candide postulant‑espion, débrouillard et enthousiaste, qui va bien vite être gâché par sa risible hiérarchie et sa quête du Graal administratif : le coup de tampon sur formulaire.
On pourra reprocher à Jean‑François Halin d'avoir un peu trop retenu les chevaux de l'ironie dans les premiers épisodes. Mais le scénariste, aidé par un casting impeccable et un réalisateur à la mise en scène élégante (Alexandre Courtès), mène le spectateur dans un délire peu politiquement correct qui monte progressivement jusqu'à une savoureuse éminence non‑sensique en fin de saison.