par Carina Ramon
17 février 2020 - 21h03

Au nom de la terre

année
2019
Réalisateur
InterprètesGuillaume Canet, Veerle Baetens, Anthony Bajon
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Flop à Paris, véritable carton en Province, la sortie cinéma du premier film d'Édouard Bergeon souligne étrangement la faille qui sépare le monde des petits paysans du reste de la société, enclavé dans un terroir qui se réduit à peau de chagrin et plus que jamais au bord de la rupture.

 

Tout commence quand Pierre (Guillaume Canet) rentre des États‑Unis avec des rêves de grandeur et d'élevage intensif plein la tête. Après avoir repris la ferme familiale (Rufus, parfait en père « à l'ancienne »), Pierre, qui a tout pour être heureux (une femme, des enfants, des terres…), commence peu à peu à crouler sous les dettes. Entre les coups du sort à répétition, les prêts pour des machines agricoles et des stabulations surdimensionnées, une série de mauvais choix et la chimie mortelle qu'il s'inflige sans se poser de question, la vie de Pierre et sa famille tourne bientôt au drame le plus absolu, suspendu à un dénouement inévitable qui dit tout d'une certaine idée de l'agriculture qui traversa les décennies au sortir de la guerre.

 

Pierre, c'est le père du réalisateur que l'on découvre à la fin du film à travers des images touchantes de famille. Un père aimant, courageux, passionné, coincé dans une époque que l'on espère révolue, une époque où l'on pouvait produire sans se poser de questions, ni sur l'environnement, ni sur le bien‑être animal. Produire toujours plus sous la coupe des grands groupes agricoles et des banques. 

 

En filmant son histoire personnelle avec la minutie d'un technicien du cru, Édouard Bergeon parle bien sûr du monde paysan qui agonise et prévient une fois de plus : cela finira mal. Une lente plongée en enfer que ni sa femme ni ses enfants ne sauront stopper avec tout leur amour. Malgré quelques maladresses scénaristiques, on ne peut qu'être touché par cette famille d'agriculteurs en lutte et désolé pour eux comme pour nous‑mêmes : avons‑nous seulement tiré les leçons de tous ces drames nichés dans nos campagnes ? Un film à méditer qui récolte un succès mérité et quatre étoiles d'encouragement.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
04/02/2020
image
BD-50, 103', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
7
10
image

Faire vrai sans chercher à faire beau, Édouard Bergeon esquisse un cadre naturaliste en perpétuel mouvement. Quelques plans crépusculaires annoncent le drame à venir. Par ailleurs, l'image, loin d'être lisse, fait plaisir à voir en Blu‑Ray. Les grands espaces et les chevauchées à travers champs nous ramènent au mode de vie western du début du film.

7
10
son

D'un point de vue sonore, c'est davantage le drame intime qui est mis en avant, avec toutefois un bel univers musical orchestré par petites touches par Thomas Dappelo rapellant les grands espaces et la musique country. Une influence US qui apporte au film une certaine originalité.

7
10
bonus
- Commentaires audio du réalisateur et de Guillaume Canet
- Entretien avec le réalisateur (26')
- Une scène coupée commentée par le réalisateur (13')
- Documentaire du réalisateur : Les fils de la terre (87')
- Bande-annonce

Édouard Bergeon filme la propre tombe de son propre père, Guillaume Canet joue l'ultime scène devant les yeux de celui qui était au plus près du drame lorsqu'il était enfant, autant de moments intenses que l'on ressent parfaitement à travers ces bonus.

 

En apparence apaisé et serein, Édouard Bergeon parvient à retracer sa chronique familiale sans pathos, à prendre de la distance aussi, précisant ce qui relève ou non de la fiction. De la naissance du film à son succès en salle, en passant par le documentaire qui précéda le long métrage, on plonge autant dans les coulisses du film que dans l'histoire d'une famille‑courage.  

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