Au bout du conte
Croire en soi, en ses dons, en l'autre, à sa destinée, à Dieu, en l'amour. C'est toute la question d'Au bout du conte, la dernière création d'Agnès Jaoui et Jean‑Pierre Bacri. Un film artisanal, au sens le plus noble du terme, écrit à la perfection et divinement interprété par une troupe de comédiens sensationnels, du premier au dernier rôle.
Marianne, la bonne fée (Agnès Jaoui), tente de percer dans le monde du spectacle. Autour d'elle, des enfants, avec qui elle met en scène des contes pour l'école ; sa nièce Laura (Agathe Bonitzer), sorte de Petit Chaperon rouge égaré dans la vie, qui vient de rencontrer le jeune musicien Sandro mais en pince déjà pour Maxime Wolf (le grand méchant loup) ; Pierre (Jean‑Pierre Bacri), le père de Sandro (Grincheux ?), qui a peur de trépasser depuis que son ex‑femme lui a rappelé la date fatale d'une vielle prédiction ; ou encore son propre frère, marié à une sorcière cherchant à tout prix à rajeunir.
Au bout du conte (excellent titre en passant), que deviennent nos rêves, nos espoirs, nos peurs ? À quel moment l'équilibre charmant de notre enfance se rompt‑il ? L'amour et la fidélité sont‑ils des leurres compatibles avec la réalité ? La vie est‑elle un jeu, tout court ?
Pour la bonne Marianne, qui a transformé sa maison en décor féérique, entre bottes de sept lieues, manteau de Merlin et pendule d'Alice, tout est question d'équilibre, de petits arrangements avec ses propres croyances et surtout celles des autres.
Un film dont la finesse, les bons mots et l'acidité n'ont d'égale que la truculence des dialogues. Une réussite française qui ne ressemble à aucune autre.