Asphalte
31 juillet, jour de départ en vacances. Juliette (Carole Laure) saute dans une voiture qui ne lui appartient pas afin de retrouver son amant ; un père déboussolé erre au milieu du trafic incessant tandis qu’Albert Pourrat (Jean‑Pierre Marielle en beauf patenté) apprend que son fils ne remarchera plus… L’autoroute a manifestement le pouvoir de vie ou de mort sur ses vulnérables usagers.
Film inclassable, Asphalte de Denis Amar (L’addition, Hiver 54 l’abbé Pierre) prend l’autoroute des vacances comme l’initiatrice de la destinée d’une poignée d’automobilistes. Lancés dans une quête systématiquement contrariée, Juliette et ceux qu’elle ne croisera pourtant jamais deviennent égaux et vulnérables face aux aléas parfois violents de la route.
Outre la formidable image chorale d’un flux humain tendu vers un horizon (le Sud) manifestement hors de sa portée, le cinéaste fait preuve d’une grande audace esthétique. Filmé au ralenti, l’impressionnant carambolage suspend l’échéance, les voitures sont broyées, toutes bonnes pour la casse, comme autant de parcelles de vie accidentées, pétrifiées dans la chaleur et le bitume implacable. Un premier film envoûtant porté par la lumineuse Carole Laure.