Arbitrage
C’est, a priori, le type d’individu que l’on adorerait détester : requin de Wall Street, magouilleur en costume Armani, séducteur prêt à flouer ses investisseurs comme les membres de sa famille, Richard Miller est aux années 2000 ce que Gordon Gekko, le héros trader de Wall Street, était aux Eighties.
Thriller économique post‑Lehman & Brothers, comme le fut le très bon Margin Call, Arbitrage repose tout entier sur les épaules de Richard Gere qui incarne ici un renard argenté sans foi ni loi, prêt à tout, y compris le maquillage d’une scène de meurtre, pour faire prospérer ses affaires, et assurer à sa famille un train de vie opulent, entre demeure à Manhattan et cottage en Virginie.
Pour son premier film, Nicholas Jarecki a calé son pas sur l’univers de Tom Wolfe (Le bûcher des vanités) et des séries télévisées, et signe un film attachant mais bancal : bancal dans son désir de charger la barque de son personnage principal au risque de tomber dans le puritanisme (ce qui condamne vraiment Miller, c’est finalement son comportement adultère) ou la bonne conscience de classe (un gentil Noir instrumentalisé), et pourtant attachant grâce à la personnalité de l’acteur Richard Gere, parfait mélange de naïveté et de séduction redoutable.