Antebellum
Auteure à succès, Veronica Henley (Janelle Monae) se retrouve embarquée comme esclave dans une plantation pendant la guerre de Sécession.
Lors d’une remarquable scène d’exposition, Antebellum révèle l’envers du décor d’une magnifique demeure coloniale derrière laquelle se joue un épisode horrible de l’histoire des États‑Unis. Logés dans des cahutes misérables, les esclaves subissent les mauvais traitements des soldats confédérés, parmi eux, Eden attend le moment approprié pour prendre la fuite. Une sonnerie de portable et nous voilà de retour à l’époque actuelle, avec la protagoniste, mère de famille engagée dans la lutte contre les inégalités raciales.
Une articulation déroutante, laquelle nous amène sur une fausse piste autour de la réincarnation ou de l’héritage ancestral. Un thème finalement dilué dans ce portrait au vitriol d’une Americana rétrograde et gangrenée par un racisme systémique envers les Noirs. Blindée de diplômes et socialement intégrée, Veronica Henley reste toutefois une Afro‑Américaine aux yeux d’une standardiste qui fait mine de ne pas comprendre sa demande de réservation à l’accueil. Autre scène édifiante lorsqu’au restaurant avec ses amies, une hôtesse leur propose la pire des tables.
À travers ces petites marques discriminatoires sourdes, plaie d’un passé esclavagiste loin d’être réglé, la problématique raciale supplante désormais les rapports de classe. À mi‑parcours du récit, un twist un peu mécanique (très Shyamalan) jette un pont entre les heures sombres de la guerre civile du point de vue des esclaves et la perpétuation glaçante de la suprématie blanche de nos jours. Un brûlot pro‑Black Lives Matter dans le sillage de Get Out (Jordan Peele, 2017).