Another Silence
Cela commence plutôt bien : au Canada, une famille, peu aisée, tente de s’en sortir. Dans ce petit appartement où même les lits grincent, une mère (Marie‑José Croze, formidable), son mari et son enfant vivent pourtant heureux. À ce stade du film, on se dit qu’on est parti pour une chronique sociale sur la précarité, puis, le père et son fils partent un soir assister à un match. À un feu rouge, une voiture s’arrête à leur hauteur. Le conducteur les abat froidement.
Soudain, le film change de braquet et cale son pas sur celui de la mère qui, après un court moment d’introspection, se lance dans une croisade vengeresse, à la recherche des assassins. On comprend vaguement qu’elle fut, dans le passé, membre de la mafia, ce qui explique sans doute la facilité déconcertante avec laquelle cette mère devenue Nikita retrouve les meurtriers, partis se réfugier au fin fond de l’Amérique du Sud.
Le problème du film de Santiago Amigorena, c’est qu’il aborde le genre mais timidement, de façon un peu hautaine, comme un auteur qui voudrait tirer parti des codes du polar et du film de vengeance, sans les prendre à bras le corps. Résultat, Another Silence enfile les clichés scénaristiques mais avec une afféterie propre au film d’auteur. Décevant.