Anatomie d'un scandale
Imaginée par David E. Kelley (Big Little Lies) et Melissa J. Gibson (House of Cards), cette nouvelle mini‑série Netflix s’avère être un pétard trempé, et pourtant…
Le scandale peut en cacher un autre
Tout commence quand Sophie Whitehouse (Sienna Miller) découvre l’infidélité de son époux, James, ministre au gouvernement britannique. Alors qu’elle commence à peine à avaler la pilule, elle apprend que la maîtresse de son mari l’accuse de viol. La descente aux enfers continue au cours d’un procès retentissant où tous les détails de l’affaire sont étalés aux yeux de tous et relayés par tous les médias. Alors que le scandale à rebondissements finit même par éclabousser le premier ministre, Sophie s’interroge : son mari est‑il bien coupable de ce dont on l'accuse ?
Une frontière ténue
Cette fiction pose la question précise et cruciale du consentement lors d'une relation sexuelle entre deux personnes. Problème : les auteurs, dans la droite ligne du roman éponyme de Sarah Vaughan, ne semblent ne pas vouloir trancher de manière radicale. Pire, ils maintiennent le flou artistique total. Un choix narratif d’autant plus incompréhensible qu’assumer une position, quelle qu’elle soit, et de s’y tenir, paraissait ostensiblement plus simple.
Au lieu de faire ce choix‑là, les auteurs noient sans arrêt le poisson dans des circonvolutions improbables et des ressorts dramatiques inexplicables ‑et inexpliqués‑ pour tenter de faire durer un suspense totalement artificiel. Si on note ici ou là quelques bonnes trouvailles de mise en scène, là aussi, c’est au service de rebondissements factices.
Reste des prestations incroyables, à commencer par celle de Sienna Miller qui, en dépit d’un scénario foutraque, reste à l’image de son personnage, digne et touchante. Il faut dire qu'elle avait elle‑même été jetée en pâture par une certaine presse à l'époque de sa relation chaotique avec le comédien Jude Law, ce qui l'avait conduit à un choix personnel radical et douloureux.