par Laurent Duroche
25 février 2013 - 12h29

Amour

année
2012
Réalisateur
InterprètesJean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert, Alexandre Tharaud, William Shimell, Ramón Agirre
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Grand chelem pour Michael Haneke qui, après la Palme d'Or et le César du meilleur film, remporte celui de l'Oscar du meilleur film étranger (même si celui du meilleur film tout court lui a échappé), tandis que ses comédiens Jean‑Louis Trintignant et Emmanuelle Riva sont eux aussi couverts d'honneurs. Au‑delà d'un consensus critique qui pourrait agacer, ce triomphe est symptomatique de l'universalité du film et de son thème. Le cinéma d'Haneke montre avec la froideur de l'observateur objectif ce que l'on ne veut pas voir. Ici, c'est donc le drame ordinaire d'un couple confronté à la vieillesse qui cristallise finalement les craintes de toutes et tous : la réalité de notre propre mortalité et celle de ceux que nous aimons.

En appelant son film « Amour », le réalisateur autrichien prend à revers la convention cinématographique qui veut que ce soit la genèse d'une histoire d'amour qui fait les plus beaux récits romanesques. Pourtant, les vraies démonstrations d'amour sont celles qui durent, qui exigent du sacrifice, de l'abnégation. C'est tout le propos du film qui, par une mise en scène sobre et distanciée, traduit la solitude, la tristesse mais aussi le courage et l'inébranlable volonté du personnage de Trintignant (absolument génial) qui décide d'aimer jusqu'au bout, jusqu'à la fin.

Mais l'ascétisme du récit n'empêche pas Haneke de laisser l'imaginaire contaminer son cinéma. Entre une scène de cauchemar d'une simplicité follement maîtrisée digne d'un grand film d'horreur, et une fin laissant le soin au spectateur d'imaginer le sort du protagoniste masculin, Amour livre de beaux moments en suspension, avant de laisser le personnage de la fille (Isabelle Huppert) seule face au vide laissé par l'absence. La grande force du long métrage est là, dans sa façon d'exprimer avec peu de mots, d'images et de sons, des vertiges existentiels cruciaux dans notre rapport à la vie.

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Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
26/02/2013
image
BD-50, 127', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS 2.0 audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
8
10
image
Michael Haneke filmant en courte focale (peu de flou d'arrière‑plan) pour lier les personnages aux décors, l'image avait besoin d'une belle stabilité globale pour convaincre. Pari réussi avec des détails assez riches, que ce soit au niveau du grain de peau ou des textures. La colorimétrie réaliste respecte la tonalité neutre de la photo, les noirs sont profonds. Forcément, le rendu n'est pas des plus spectaculaires vu la nature du film, mais ce master reste de haute volée.
7
10
son
À l'image du film, le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 refuse tout artifice : 99% du son vient de la scène forntale, et même les rares moments musicaux, toujours intradiégétiques, s'interdisent d'envahir les enceintes surrounds, à l'exception du concerto du début (mais son rendu multicanal est rendu logique par la position de la caméra). Les dialogues sont parfaitement retranscrits et toujours audibles.
7
10
bonus
- Présentation par Philippe Rouyer (9')
- Making of « Scènes d'amour » (26')
- Jean-Louis Trintignant parle d'Amour (8')
Les bonus ont l'avantage d'expliciter la nature personnelle du film pour Haneke (le récit est basé sur ses souvenirs de sa tante, et l'appartement du film reconstitue celui de ses parents) et d'offrir la parole à Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, qui parlent de la difficulté d'aborder leur rôle respectif et des spécificités du travail avec le réalisateur autrichien. Le making of propose des images du tournage qui, toutefois, ne permettent pas vraiment d'appréhender la façon dont le cinéaste imagine sa mise en scène.
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