American Pastoral
Pour son premier long métrage, Ewan McGregor joue les pères écorchés. New Jersey, pendant les années 60. Seymour Levov (Ewan McGregor) est l’archétype par excellence de la réussite à l’américaine. Riche héritier d’une ganterie, l’ancien champion d’université est l’époux comblé de Dawn (elle‑même ex‑reine de beauté) et le père de Merry (Dakota Fanning), qui souffre de bégaiement. Cette existence sans histoire va pourtant basculer le jour où sa fille décide de militer contre la guerre au Vietnam.
Pour son premier coup d’essai derrière la caméra, Ewan McGregor s’attaque à du (très) lourd. Jugé inadaptable, le roman éponyme de Philip Roth (Prix Pulitzer, 1997) explore certes le délitement inexorable d’une famille modèle, dès lors que sa progéniture rebelle décide de poser une bombe et de vivre en marge de la société, mais soulève simultanément des interrogations quant à la place de la judéité dans l’Amérique d’après‑guerre.
McGregor zappe ce pan fondamental de l’œuvre, au profit d’un mélo filial sur fond de mouvement contestataire anti‑Vietnam. Toutefois, il faudra davantage qu’une poignée d’images d’archives (Woodstock, raids militaires en Asie) ou que la célèbre chanson For what it’s Worth (1966) des Buffalo Springfield pour illustrer le temps dévastateur de la contre‑culture, du moins concernant la famille Levov. Une adaptation inaboutie.