Amélie au pays des Bodin's
Amélie aurait pu naître dans le XVIe, de parents beaux, riches et cultivés. Pas de bol, c’est tout l’inverse qui s'est produit. Papa et maman ont les dents gâtées, pas un rond et sont hébergés « gracieusement » dans la ferme de mamie Bodin, croisement entre Tatie Danielle et la Fée Carabosse. Bien décidés à posséder leur propre foyer, ils se lancent dans un investissement immobilier hasardeux. Pendant ce temps, sévit dans le village un mystérieux cambrioleur…
Les grandes heures de la série Z humoristique remontent aux années 70, avec la troupe des Charlots et les nanars de Max Pécas. Aujourd’hui considérées comme le summum du dernier degré, ces comédies semblent avoir une digne descendance, la relève étant assurée par Amélie au pays des Bodin’s, suite de Mariage chez les Bodin’s, de la même équipe (avec Éric Le Roch derrière la caméra et Jean‑Pierre Bigard, frère de Jean‑Marie, à la production). À la différence du premier volet, tourné sous la forme d’un faux documentaire (une équipe de télévision débarquait dans le patelin des Bodin), Amélie… opte pour une forme classique, et par conséquent moins originale.
Dans cette production minimaliste, conçue avec trois anciens francs et six sous, il n’y a pas grand‑chose à sauver, à part peut‑être les dialogues de la mamie acariâtre au langage fleuri. Car les petits moyens ne justifient pas tout, surtout pas le manque cruel d’imagination dans la mise en scène et le cadrage. Surtout, cette caricature de la paysannerie, avec sa galerie de personnages affreux, idiots et grotesques, conclut avec démagogie que la campagne, c’est quand même vachement sympa. Cette volonté d’ajouter une touche de tendresse à ce tableau vulgaire désamorce toute tentative d’humour noir (les nombreux coups de pelle dans la tronche…). Dans le même registre, on est à mille lieues des Deschiens, ou même des blagues de La Madeleine Proust. Une formule qui fonctionne visiblement mieux au théâtre, médium d'origine de la troupe du film.