par Laurence Mijoin
28 avril 2014 - 12h40

Amazonia

année
2013
Réalisateur
Interprèteaucun
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Né en captivité, un jeune singe capucin se retrouve, après l'accident d'avion qui le transportait, perdu au cœur de la forêt amazonienne. Désemparé, il va devoir s'adapter pour survivre aux nombreux dangers que dissimule la jungle. Se nourrir, se protéger des prédateurs mais aussi de la toute‑puissante Nature : long est le chemin qui mène à la liberté…

Choisir un animal attendrissant et en faire le héros et fil rouge d'un film : voilà la nouvelle tendance des documentaires animaliers, plus exactement des docufictions où chaque séquence est story‑boardée, scriptée et mise en scène. À la manière de Disneynature et son Chimpanzés, Amazonia de Thierry Ragobert (La planète blanche) cible donc en premier lieu le très jeune public, censé s'attacher au petit primate, trembler, rire, s'émerveiller, en suivant chacune de ses aventures.

En évitant de faire parler le singe via une voix off, Amazonia nous épargne toutefois l'anthropomorphisme, plaie qui handicape de plus en plus de documentaires (dont Chimpanzés, justement), sous prétexte de vouloir susciter l'empathie du spectateur, quel qu'il soit (enfant ou adulte, personne déjà sensibilisée à la cause environnementale ou non…).

Malgré cela, on ressent une certaine frustration face à cet Amazonia dont l'ambition et l'ampleur du tournage (deux ans, sans compter la préproduction et la postproduction, complexité des prises de vues en 3D, humidité et chaleur insoutenables…) sont diminuées par le choix de narration initial. Bien entendu, les images sont splendides. Le bestiaire (jaguar, mygale, harpie ou encore dauphin rose) évoluant dans une nature primitive est sublimé par l'esthétique quasi cinématographique du film. Mais est‑ce suffisant pour un public qui attend plus d'un tel projet aux moyens conséquents qu'un simple beau livre d'images ?

Car il y a un paradoxe à vouloir montrer une nature virginale en la mettant en scène avec tant d'artifices (la scène de bad trip du singe après un repas de champignons pas très digestes, en réalité des fruits recouverts de confiture, déjà vue dans L'ours de Jean‑Jacques Annaud). Le dessein du réalisateur est clair : rendre gloire à la beauté des lieux, tant menacés par la déforestation. L'entreprise, titanesque, est sincère. Mais vouloir à tout prix tirer une fiction du matériau de base dénature justement cette nature brute, cherche à la rendre consommable pour le plus grand nombre. On l'aurait aimée simplement contemplative.

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Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
09/04/2014
image
BD-50 2D et 3D, 83', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
DTS-HD Master Audio 5.1
Audiodescription
sous-titres
Aucun
8
10
image
Couleurs intenses (les verts de la forêt notamment), contrastes soutenus : la photo, très cinématographique tout en restant naturelle, bénéficie d'un transfert HD de qualité qui garantit un confort de visionnage de chaque instant. Les gros plans, filmés en longue focale, présentent de très beaux détails sur la zone de mise au point, et une très bonne stabilité des arrière‑plans flous. La compression se fait très discrète, en pleine lumière comme lors des séquences sombres ou nocturnes. Notons enfin qu'une version 3D est disponible sur le disque (test à venir rapidement).
8
10
son
Mis à part l'Audiodescription, une seule version est proposée, en DTS‑HD Master Audio 5.1, quasi intégralement dénuée de paroles. L'ingénieur du son, que l'on voit travailler dans le making of, explique qu'il a souhaité capter l'ambiance de la jungle pour la restituer à l'avant, au milieu et à l'arrière. Et pour cela, il a dû enregistrer des sons et bruits d'animaux en marge du tournage, trop bruyants pour permettre de travailler en direct. Il en résulte un ensemble enveloppant au rendu naturel tout en garantissant une bonne immersion. On distingue bien les gouttes de pluie qui frappent la végétation, le cri aigu des capucins, le coassement d'une petite grenouille. Même si les canaux arrière, correctement mobilisés, auraient pu se faire plus présents, cette piste qui met en valeur les musiques de Bruno Coulais (compositeur habitué des docs animaliers), seul élément sonore contribuant à la narration, offre une belle plongée dans cette nature grouillante de vie.
5
10
bonus
- Secrets de tournage (30')
- Bande-annonce
« On ne protège bien que ce que l'on aime ». Tel est le credo du réalisateur Thierry Ragobert qui a ici privilégié l'émotion au plaidoyer moralisateur et catastrophiste. Pour cela, il a donc choisi de mettre en scène un petit singe capucin au cœur de la forêt amazonienne et de filmer ses péripéties, toutes scriptées. Un tournage d'envergure qui a nécessité deux ans de prises de vues dans une jungle à la chaleur torride et à l'humidité écrasante, ainsi qu'une préparation minutieuse, notamment des animaux. Pas dressés, ils ont néanmoins suivi un processus d'imprégnation pour être habitués à la présence de l'homme. Pour obtenir certaines réactions de la part des singes (le « rôle principal » est tenu par plusieurs capucins), mais aussi les filmer sans jamais les mettre en danger, de nombreux stratagèmes ont été mis en place, comme verser du sirop d'érable au bord d'une mare pour les inciter à y boire. Un making of fort intéressant, qui montre toute la difficulté d'un tournage en terrain hostile et l'expertise nécessaire pour travailler avec des animaux sans risques.
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