Alphonse
Sans prévenir personne ‑surtout pas la presse‑ Prime Video a mis en ligne cette semaine la série Alphonse écrite et réalisée par Nicolas Bedos, dotée d'une distribution quatre étoiles (Jean Dujardin, Charlotte Gainsbourg, Pierre Arditi, Nicole Garcia…).
Sur le papier, le synopsis officiel précise : « Renouant avec un père qu’il connaissait à peine, Alphonse (Jean Dujardin), un quadragénaire en pleine déroute professionnelle et conjugale, se découvre une surprenante vocation. Sa trajectoire va alors croiser celle d’une galaxie de femmes plus passionnantes et excentriques les unes que les autres, le plongeant au cœur d’une histoire à la fois périlleuse, transgressive et pleine de tendresse ».
Fonce Alfonse
À l’écran, après le visionnage des trois premiers épisodes, les seuls disponibles pour le moment sur la plateforme, l’histoire semble bien moins subtile que ne le laisse supposer le résumé flatteur du projet. Jacques (Pierre Arditi), le géniteur vieillissant d’Alphonse (Jean Dujardin), qui a été un gigolo toute sa vie et un piètre père, n'hésitant pas à copuler devant son fils avec les traces que cela laissera…, verrait bien son looser de fils reprendre la clientèle : « Ton talent, c’est ta bite » (Sic). Une expression à l'image de ces premiers épisodes, vulgaire. Un petit choc sériel en somme, et pas forcément positif.
La belle époque version X
La suite est toute aussi étrange, envers les femmes surtout, et c'est bien le problème (rappel pour certains, on est en 2023). Alphonse a été abandonné par sa mère, puis s’est marié avec une femme toxique, castratrice et « casse‑couilles » (Charlotte Gainsbourg), avant de continuer sur sa lancée avec les clientes âgées de son père qui sont soit des hystériques, soit bonnes pour l’asile, littéralement enfermées dans leurs désirs de jeunesse et prêtes à tout pour revivre un instant d'amour frelaté.
Pour illustrer sa foutra émotionnelle douteuse et malaisante, sorte de Belle époque triviale et en réalité 0% romantique, Nicolas Bedos ne lésine en revanche pas sur les moyens qui lui ont été accordés : son image est très belle, les décors somptueux, les acteurs parfaitement mis en valeur.
Une sortie en catimini
Alors que dire de la première série du réalisateur de Monsieur & Madame Adelman, La belle époque, OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire et Mascarade ? Que pour ces trois premiers épisodes, Alphonse se caresse dans un exercice égocentrique, misogyne et psychologisant. On pourra toutefois nuancer la sentence en se disant qu'il reste trois épisodes pour redresser la barre, que les quelques touches d'humour relèvent (parfois) le niveau et, surtout, que Jean Dujardin est ahurissant dans ce rôle de gigolo à la recherche du temps perdu (la série est une idée originale partagée entre le comédien et Nicolas Bedos).
Entre la diffusion de la série par Prime Video sans prévenir la presse ni promotion aucune, et de probables ennuis judiciaires à venir pour son auteur, accusé d'agressions sexuelles, cet Alphonse ne part décidément pas sous d'heureux auspices.