Allemagne année zéro
Berlin, 1945. Parmi les décombres d’un régime anéanti, Edmund Koehler (Edmund Moeschke), 12 ans, s’échine à la tâche pour aider sa famille. Mais n’ayant ni carte de travail, ni l’âge requis, il se retrouve rapidement à errer, avec d’autres gamins en quête de petites combines qui leur permettraient de survivre. Le père d’Edmund, en très mauvaise santé, devient bientôt un fardeau pour ses enfants…
Odyssée ténébreuse et cruelle dans les ruines de l’après‑guerre, ce monument du néo‑réalisme italien creuse le néant dans les gravats, côtoie les familles dans leur abri de fortune, évoque le désarroi d’un père malade ou le passé d’ancien soldat de la Wehrmacht…
La spécificité documentaire du mouvement se manifeste ainsi à travers l’exploration du quotidien aux antipodes d’un monde enchanté. Haut comme trois pommes, la mine espiègle, Edmund n’a pourtant plus grand‑chose d’enfantin.
Advient la séquence finale, celle qui le marginalise après le décès coupable du patriarche, celle qui l’exclut définitivement du monde de l’enfance, quand des bambins jouant au ballon l’écartent de leur groupe. Livré à lui‑même, déambulant entre les bâtisses en ruines jusqu’à leurs toitures éventrées, l’ange aryen entraîne dans sa chute la mauvaise conscience d’un pays tout entier. Insoutenable.