All is Lost
Dès les premières minutes du long métrage, le jeune réalisateur J.C. Chandor (Margin Call) annonce la couleur. Son unique personnage dont on ne connaîtra jamais le nom, incarné par Robert Redford, prononce quasiment ses seuls mots du film dans un message de détresse, laconique et désespéré, dans lequel il stipule : « All is lost » (tout est perdu). C’est le naufrage annoncé d’un vieil homme sur un voilier dont la coque a subi les outrages d'un container à la dérive pendant la nuit, et qui va tout faire pour survivre face à la nature déchaînée.
À l’instar de Seul au monde de Robert Zemeckis ou plus récemment de l'excellent Gravity, All is Lost est un survival qui ne fait pratiquement aucune concession au romanesque et dépasse très vite sa simple condition de prouesse scénaristique (le concept d'un film sans dialogue).
All is Lost, c’est le combat permanent d’un homme contre la nature, une métaphore magnifique sur la vieillesse et l’inéluctable. De la performance de Redford se dégagent une énergie et une sagesse bienveillantes. Ses gestes lents, ses traits burinés, son regard fatigué contrastent avec son aura plus que jamais solaire.
Le combat de son personnage fusionne bien évidemment avec sa condition de star vieillissante qui continue de briller malgré l’âge, la fatigue et les apparentes faiblesses. Faisant preuve d’une surprenante abnégation face à la caméra de son réalisateur, devant laquelle il abandonne toute tentative de séduction ou de tricherie, le personnage de Redford reste digne, malin et entreprend sans arrêt face aux éléments qui se déchaînent inexorablement.
C’est son combat, celui de David contre Goliath, qui force l’admiration et le respect. Tout comme la réalisation, précise et jamais ostentatoire (Cuaron dans Gravity ?). Un film qui nous dit que tant qu’il y a de l’espoir, une étincelle peut encore surgir. Continuer à vivre, peu importe le temps qu’il reste. Magnifique.