Aline
Aline, de et avec Valérie Lemercier (Palais Royal), est un ovni cinématographique qu’il est très difficile « d’enfermer » dans un genre unique. Ce n’est ni un biopic sur Céline Dion, ni un drame, ni une comédie décalée, c’est tout cela à la fois.
Touchant, comique, dramatique et parfois même surréaliste
Le scénario, qui s’inspire avec malice de la vie de la pop star avec une bienveillance et un premier degré salvateurs, met en perspective la trajectoire de la petite Aline (alter ego de Céline Dion) depuis ses 14 ans jusqu’à son avènement sur la scène musicale mondiale en général, et de Las Vegas en particulier. Le récit est à la fois touchant, comique, dramatique et parfois même surréaliste, surtout quand la comédienne « adulte » décide d’incarner Aline alors qu’elle n’est qu’une fillette. Ces scènes, mixant joyeusement rajeunissement numérique et jeu sur les proportions hérité de Méliès, sont à la fois troublantes et poétiques.
César de la Meilleure actrice mérité
Mais le cœur du film est ailleurs. Il met surtout en lumière le décalage entre l’ascension de la star mondiale triomphante et le parcours de la jeune femme issue d’une famille modeste de quatorze enfants, qui tente de vivre son amour sincère et véritable avec son mentor Guy‑Claude, clone de René Angelil décédé en 2016. On suit ainsi son ascension, son amour pour Guy‑Claude ‑son aîné de 26 ans‑ son installation à Las Vegas, la perte de sa voix et son combat pour avoir des enfants. La star apparaît alors plus accessible, plus « normale », avec ses hauts, ses bas, ses moments de joie et de désespoir. Une prouesse qui tient avant tout à la performance de Valérie Lemercier dans le rôle d'Aline, fraîchement et à juste titre récompensée du César de la Meilleure actrice.
Métamorphose spectaculaire
La métamorphose de la comédienne est tout simplement spectaculaire. Et même si elle a été doublée pour les chansons (la voix dans le film est celle de Victoria Sio), sa gestuelle et ses mimiques sont bien celles de son illustre modèle. La comédienne, qui trouve ici son meilleur rôle, est aussi accompagnée de seconds rôles remarquables dont les époustouflants Danielle Fichaud et Roc LaFortune, qui incarnent les parents de la star, et de Sylvain Marcel, parfait clone de René Angelil (Guy‑Claude dans le film).
Simple et efficace, la mise en scène devient plus précise et spectaculaire sur les scènes de concert mais ne cède jamais aux sirènes de la démonstration. C'est la voie de l'intime que Valérie Lemercier emprunte, doublée d'une cocasserie permanente qui touche en plein mille. On en ressort avec l’impression de mieux connaître Céline Dion, de l’avoir vue telle qu’elle devrait être dans la vie sans pour autant que son aura ou son statut de star ne soient écornés d’aucune façon. C’est peut‑être là, avec les prestations des comédiens, la plus belle réussite du film.