Ali
Alors au sommet de son art -il vient de signer coup sur coup Heat et Révélations- le futur réalisateur de Public Enemies (le 24 novembre en DVD/Blu-Ray chez Universal) s’attaque en 2000 au premier biopic de sa carrière. Un projet qui traînait depuis des lustres dans les cartons d’Hollywood, et que Mann s’approprie alors.
Mohammad Ali, ex-Cassius Clay avant sa conversion à l’Islam, fut l’une des figures-clés de la culture afro-américaine, un monstre de la boxe dont Mann retrace une partie de la carrière, soit une dizaine d’années entre sa victoire contre Foreman et la revanche, mythique, à Kinshasa au Zaïre en 1974.
Mann réussit un double pari : faire de Will Smith, qui a pris 25 kilos pour le tournage, un Ali crédible, aussi bien physiquement (élégance, rapidité du bonhomme sur le ring) que psychologiquement (son rapport avec les femmes, son engagement politique contre la guerre du Vietnam qui lui coûtera sa licence pendant de longues années, etc.).
Enfin, Mann parvient à saisir l’atmosphère de l’époque, entre les assassinats politiques (celui de Malcom X notamment), la révolte des minorités et l’opposition à la guerre, qui fait alors tache d’huile.
Au final, Ali possède l’élégance propre au style de Michael Mann, sa capacité à transcender un genre aussi codé que le biopic, grâce à une photographie impressionnante et à un sens du tempo unique. Une merveille.