Agents très spéciaux : code U.N.C.L.E
Durant la Guerre Froide, Napoléon Solo, un espion américain, est contraint de faire équipe avec le brutal mais très efficace agent du KGB Illya Kouriakine. Les deux hommes, épaulés par l’as de la mécanique Gaby Teller, traquent une organisation criminelle internationale qui, avec l’aide d’anciens Nazis, menace de faire commerce d’armes nucléaires.
Le réalisateur Guy Ritchie a eu les mains libres pour restituer, avec un faste visuel de chaque instant, l’élégance vintage (photo, décors, mode…) des années 60. Angoissé à l’idée de ne pas faire original, celui qui a réveillé Sherlock Holmes joue la carte du bon vieux cinéma à l’ancienne qui en met plein les mirettes. L’action est solide, bien ficelée et nourrie de ce mélange violence et humour qu'affectionne depuis ses débuts Guy Ritchie, comme le démontrent une hallucinante traque automobile dans Berlin Est, une hilarante poursuite en bateau ou encore une séance de torture électrique.
Soucieux, malgré la patine revendiquée de son film, de faire original, Guy Ritchie ose et souvent réussit des séquences originales, notamment l’audacieuse attaque de la base des méchants traitée de A à Z en split‑screen. Mais le film pâtit malgré tout d’un gros défaut qui, lui aussi, doit tout à Guy Ritchie. Le réalisateur adore manifestement le personnage du kagébiste Kouriakine, brute sanguine mais amateur d’échecs incarné avec beaucoup de personnalité sinon d'originalité par Armie Hammer. Un Kouriakine qui a les meilleures scènes, occupe les bonnes places dans les bagarres et mène les gags les plus drôles.
Du coup, Napoleon Solo campé par Henry Cavill passe en permanence au second plan. Solo, clairement écrit comme le personnage principal du récit, est à l'écran en permanence traité comme un modeste second couteau, un contrepoint léger et trop transparent qui freine le récit plus qu’il ne le fait avancer. La force du film s’en trouve amoindrie et le pari de Guy Ritchie de rendre hommage aux classiques de l’espionnage tout en faisant du neuf perd en route une partie de ses atouts.
Agents très spéciaux est comme un champagne un peu clinquant. La bouteille est belle, le breuvage flatte le palais, mais les saveurs ne restent pas en bouche.