Achille et la tortue
Dès son plus jeune âge, Machisu (Reikô Yoshioka, Yûrei Yanagi et Takeshi Kitano) est attiré par la peinture. Fils d'un riche industriel, il délaisse les cours pour peindre et bénéficie du soutien de son entourage. Malheureusement, le temps de l'innocence s'arrête brutalement suite à la faillite et au suicide de son père.
Trimballé chez un oncle rustre, puis recueilli dans un orphelinat, le jeune Machisu n'oublie pourtant pas sa passion de la peinture. Une fois adulte, il tente de s'accrocher à son art et de devenir célèbre, quitte à ce que cela tourne à de la pure hystérie.
Troisième opus de la trilogie Kitano, Achille et la tortue s'inspire du paradoxe du philosophe grec Zénon d'Élée pour mettre en scène l'itinéraire d'un peintre contrarié qui aura passé son existence à courir après la reconnaissance.
Kitano confronte son personnage (et de fait, lui‑même, l'acteur vieillissant du film et le peintre ne font qu'un pour que la mise en abyme soit totale) à son obsession picturale, frisant plus d'une fois l'autisme inquiétant ou la folie. Ainsi, l'art, selon les dires d'un collectionneur, exige sa propre mise en danger, et Machisu teste chaque phase de cet amour à sens unique sans parvenir à le définir réellement. Peintre raté ou homme obstiné, Machisu en Achille reste touchant tout au long du film, prisonnier de la quête désespéré d'un art ou d'un monde qui ne veulent pas de lui.