Abyss
À la fin de la guerre froide, un sous‑marin nucléaire américain coule au beau milieu de l’océan Atlantique. Seule une équipe de foreurs, accompagnée bien malgré elle de Navy Seals, peut aller récupérer les ogives nucléaires avant que les Soviétiques ne s’en emparent.
Quand la mer veille…
Sans doute le film le moins connu de James Cameron, et assurément le plus mal‑aimé à sa sortie, Abyss a gagné avec les ans les galons qu’il mérite de film pivot de son réalisateur. Le long métrage de 1989 (entre Aliens et Terminator 2) définit certainement le mieux, ou en tout cas condense, tous les thèmes de prédilection de Cameron : la fascination aquatique, l’opposition machine/humains, l’écologie, les prouesses techniques et des femmes fortes.
On le sait, Cameron est un grand romantique et vraisemblablement Abyss, que l’on pourrait facilement résumer comme un « Rencontres du troisième type liquide », peut rivaliser en la matière avec Titanic, même si ce n’est pas le cœur de l’intrigue. Sans trop spoiler, le film possède l’une des plus belles scènes de mort du cinéma et il est bien difficile de retenir sa larmichette. Mais à l’instar du film pas que beau, Abyss est surtout une sublime ode au monde aquatique. Son message est limpide : les océans regorgent de merveilles et de trésors (de diadèmes, même) que nous ne connaissons pas. Il nous protège et nous devons le respecter. Il donne envie de prendre ses palmes et ses bouteilles et de s’y plonger, non pas comme dans le Grand bleu pour s’y perdre, mais pour s’émerveiller.
Plus de trente ans après sa sortie, magnifiquement remasterisé en 4K par son auteur lui‑même et ses équipes (voir notre test complet plus bas), le film fait toujours son effet, même si, comme pour son grand frère spielbergien (notamment l’édition spéciale de Rencontres du troisième type), on ne peut que rester circonspect devant sa fin qui prive un peu l’imaginaire du spectateur. Seul bémol du film, qui malheureusement le clos.
Les grands fonds en grande forme
Si Abyss est un film écolo marin, il est aussi un film bourré d’adrénaline et d’effets spéciaux qui annoncent ceux de Terminator 2. Dans un parfait équilibre qui annonce celui d'Avatar, l’action se marie toujours avec le fond. Jamais anecdotiques et toujours justifiées, les scènes de divertissement pur sont constamment amenées par un scénario précis, malin et efficace, qui opère un virage à 90° à son mitan afin de mieux brouiller les pistes. À ce propos, la version longue du film est d’ailleurs assez dispensable, à part peut‑être pour cette vague en suspend assez impressionnante, mais dispensable. Fin de la parenthèse. Comme dans Aliens, nous sommes dans un environnement clos et cela se ressent, la tension en est décuplée, tout comme l’action d’ailleurs.
Mais surtout, cela s’entend. Le travail du son du film est très impressionnant. Sans jeux de mots, nous sommes littéralement plongés dans les abysses, coincés comme le sont Ed Harris et Mary Elizabeth Mastrantonio, tous deux très bons dans un numéro de couple tout en tension et en charme qui ressemble, par certains côtés, à celui de True Lies. Sans mentir, Abyss est au final un pur plaisir de cinéma. Intelligent et divertissant. Ce qui est, malheureusement de nos jours, de plus en plus rare …