A War
Claus Michael Pedersen, un officier danois, commande une petite troupe expédiée dans une zone dangereuse d’Afghanistan. Au Danemark, sa femme Maria élève seule leurs trois enfants. Durant une opération, Pedersen et ses hommes sont pris sous le feu taliban. L’officier, pour dégager sa troupe, ordonne un bombardement qui va tuer onze civils. Il est renvoyé chez lui et risque des années de prison pour crime de guerre.
Ce film exigera beaucoup d’attention du spectateur tant le réalisateur Tobias Lindholm joue la carte du réalisme austère. Une austérité qui s'interdit de rien souligner mais parvient, grâce à des choix de cadrage exigeants, à donner une texture, une personnalité artistique indiscutable au film sans pour autant en altérer le propos glacé.
Ce que questionne en permanence le film ‑mais en ayant la courtoisie ou l’inconfort de laisser aux spectateurs le choix des réponses‑ ce sont les dilemmes moraux auxquels tous les personnages sont exposés en permanence. Dans un contexte guerrier, dans l’urgence ou dans la vie quotidienne, les personnages ne maîtrisent jamais réellement les tenants et les aboutissants des décisions qu’ils doivent prendre.
Le film est porté par Pilou Asbæk (Pedersen), vu notamment dans la série Borgen, qui incarne un officier complexe et humain auquel il est facile de s'identifier. A War, malgré quelques séquences guerrières bien troussées (le sniper, la fusillade) reste louablement centré sur la problématique morale. S’il ne ravira pas les amateurs d’action guerrière à grand spectacle, le film et son questionnement restent obstinément et durablement dans la rétine et dans l’esprit du spectateur. Une œuvre forte et singulière.