A Star is Born
Jackson Maine (Bradley Cooper) est une star de country en perdition, il rencontre par hasard Ally (Lady Gaga), une jeune chanteuse prometteuse. C’est le coup de foudre. Amoureux et inspiré, Jackson va faire monter Ally sur scène. La suite est une énième variation sur la gloire et la chute des icônes dont Hollywood raffole, et pour cause.
C’est la quatrième fois que l’histoire d'Une étoile est née fait l’objet d’une revisite cinématographique, la plus connue étant celle de George Cukor (1954) avec Judy Garland et James Mason, qui traitait en filigrane de la fin à venir des studios hollywoodiens. Si Bradley Cooper ne peut rivaliser avec son illustre modèle, il prend le parti d'ausculter cette fois le monde de la musique et son système inique voire humiliant à travers une des stars les plus singulières du moment, Lady Gaga. Pour ce film, la chanteuse obtient un premier grand rôle au cinéma en tant que comédienne et le comédien se fait chanteur après six mois d'entraînement intensif (il interprète toutes ses chansons avec un joli brin de voix).
Inutile de dire que la destinée de Lady Gaga et celle d'Ally sont intimement liées, les producteurs ‑réels et fictionnels‑ leur reprochant toutes sortes de griefs physiques, à commencer par un nez trop marqué. Mais le coup de foudre opère à la première seconde entre Ally et Jackson, et c'est sans doute la plus belle réussite de Bradley Cooper « réalisateur », qui parvient à électriser leur rencontre à coups d'astuces parfaitement mise en œuvre (notamment de légers ralentis sur le détail d'une main, un regard, une étreinte). Toute la première partie du film est en cela la plus réussie, la plus aérienne, allant de pair avec les premiers pas d'Ally sur scène alors qu'elle découvre la puissance de son immense talent face à la foule. Mais peu à peu, les enjeux dramatiques se font de moins en moins puissants, Cooper se laissant dépasser par Gaga (pourtant à la peine sur certaines scènes dramatiques) et oubliant presque de filmer le public, comme aimanté par son couple de cinéma alors qu'il a justement pris le parti de filmer les concerts en vue subjective depuis la scène.
Pour son premier film, Bradley Cooper réalise certes un tour de force mais manque d'audace et pèche par des dialogues hautement guimauve (« Tu dois croire en toi pour atteindre les étoiles ») et des titres musicaux tubesques et superbement produits mais terriblement meanstream et attendus.
Des chansons à l'image du film finalement, prévisible, balisé, fait pour le plus grand nombre.