A Girl at my Door
Corée du Sud. Fraîchement débarquée dans un petit village de pêcheurs, Young-nam (Doona Bae), jeune commissaire, est à la tête d’une unité exclusivement masculine. Dès son arrivée, elle croise Dohee (Sae-ron Kim), une jeune adolescente au comportement singulier. Une nuit, celle-ci se réfugie chez Young-nam, recouverte de blessures…
Ancienne élève de l’École nationale des beaux‑arts coréenne, July Jung débute avec l’appui de Lee Chang‑dong (Poetry, Secret Sunshine), producteur du film, qui était aussi son professeur. Dans le monde rural qu’elle approche, limité par ses préjugés et ses non‑dits, Young-nam tente de sortir une enfant d’un foyer particulièrement violent. Père et grand‑mère, repus d’alcool, la battent sans vergogne, les policiers sont au courant mais préfèrent fermer les yeux, après tout, la brute avinée fournit du travail aux locaux… comme aux clandestins.
On l’aura compris, A Girl at my Door frappe à toutes les portes de l’abjection. Battue jusqu’au sang ou stigmatisée (on apprend plus tard la raison discutable de la mutation de la commissaire), la Femme y est constamment malmenée. De toute évidence, Young-nam et Dohee se sont bien trouvées, deux solitudes arborant les mêmes coupes de chevaux, une fois le degré de gémellité atteint à travers ce récit déroutant.
Toutefois, la talentueuse réalisatrice veille à ce que la fillette brimée ne se pose jamais en victime, le twist final la poussant même à se servir de son innocence bousillée contre la brutalité du monde. Le visage caché derrière sa chevelure de jais, à l’instar de ces Ju-Rei malveillants dans le cinéma japonais, Dohee devient presque angoissante sur le seuil de l’appartement de sa bienfaitrice. « Elle me fait penser à un petit monstre », confie un policier à Young-nam, une sorte d’inquiétante étrangeté pointe finalement dans l’ombre du drame.