A Cure for Life
New York. Lockhart (Dane DeHaan), jeune trader aux dents longues, doit à tout prix retrouver le PDG de sa société afin de la prémunir de la banqueroute. Mais Pembroke (Harry Groener) semble bien décidé à prolonger son séjour dans un centre de bien‑être niché dans les montagnes suisses. Après un accident de la route, Lockhart devient, malgré lui, l’un des plus jeunes pensionnaires de ce lieu mystérieux…
Un plan aérien sur des buildings new‑yorkais, une étrange mélodie que des murmures rendent inquiétante : la séquence inaugurale de A Cure for Life prédit un sortilège pourtant bien éloigné de la jungle urbaine. D’ailleurs, c’est pour la fuir et renouer avec l’Essentiel qu’ils sont si nombreux à rejoindre le sanatorium chromé du Docteur Volmer (Jason Isaacs). À les voir enveloppés dans leurs peignoirs immaculés, jouant aux mots fléchés ou au cricket, tout en avalant de franches rasades d’eau issue d’une source revigorante, les séniors ‑autrefois hommes et femmes influents‑ ne souhaitent en aucun cas faire marche arrière.
Contrairement à une maison de retraite où l’on termine sa vie (la visite de Lockhart à sa mère vieillissante nous le rappelle très bien), la Cure alpine a vocation de la prolonger. Dans un château reculé, autrefois théâtre d’une terrible tragédie familiale, Gore Verbinski ouvre une brèche dans le cinéma gothique. La cure ritualisée et autarcique convoque de toute évidence quelques méthodes du temps des expérimentations cormaniennes, sertie d’une esthétique extraordinaire (le directeur de la photographie Bojan Bazelli est un collaborateur régulier). Mais l’écrin démoniaque sonne pourtant un peu creux, la faute à un scénario épars et boursouflé qui survole des thèmes formidables (le reclassement des personnages âgées, la gangrène capitaliste, l’îlot originaire) pour déraper vers un conte organique finalement pas si dérangeant.