À couteaux tirés : Glass Onion
Après le succès en salles d'À couteaux tirés, Daniel Craig et le réalisateur Rian Johnson récidivent sur Netflix avec Glass Onion, second volet d’une trilogie censée révolutionner les codes du Whodunit (littéralement « qui a fait le coup ? »). Cette fois, Benoît Blanc (Craig) est confronté à un groupe de personnages hauts en couleur qui cachent bien des secrets. Toutes et tous sont invités le temps d’un week‑end à une murder party par un milliardaire ayant fait fortune dans la Tech, caricature lourdement assumée d’Elon Musk feat. Mark Zuckerberg, en passant.
Une caricature grotesque
À l’instar des invités ‑et de Benoît Blanc lui‑même‑ on se demande nous aussi ce qu’on fait là. Exit l’enquête élaborée du premier opus, Rian Johnson préfère y substituer une satire balourde sur la richesse. Ironie du sort, elle est d’une gratuité confondante, tout ce petit monde s’amusant dans un entre‑soi totalement déconnecté de la réalité dans un enchaînement de saynètes assez ridicules et lourdingues.
Tous les personnages sont des caricatures grotesques, à commencer par Daniel Craig qui a l’air de sortir tout droit d’un after de la Cage aux folles. Affublé des costumes ridicules, il est à l'image d'un film bavard au possible, ne reposant que sur les deus ex machina (procédé dramatique qui résout comme par magie le problème du héros) d'un scénariste qui se contrefout totalement du rythme de son récit ou des enjeux dramatiques. Les autres protagonistes ne sont pas mieux lotis, caricaturaux, vulgaires, bêtes façon ultra‑riches puérils. On n’y croit pas une seule seconde. Et quand arrive enfin le moment de la résolution du meurtre, lui‑même repoussé au mitan du film ‑il faut vraiment être patient‑ cela fait bien longtemps que l’on a décroché devant ce spectacle inutile et superficiel.
Trop d'argent, pas d'idées
Les intentions du réalisateur sont claires : se payer la tête des ultra‑riches qui officient à la tête de Facebook, Amazon, Twitch, Twitter et consorts. Le problème, c’est qu’on ne comprend pas cet acharnement qui n’est jamais étayé par rien, si ce n’est par la bêtise crasse qui anime ses protagonistes, à tel point que l'on se demande bien comment ils sont devenus aussi riches avec un QI aussi faiblard.
Au final, la satire prend des allures d’autodérision involontaire tant la somme colossale « lâchée » pour cette suite par Netflix semble être montée à la tête de son réalisateur‑scénariste. Les décors fastueux et les caméos prestigieux d’Ethan Hawke, Hugh Grant, Kareem Abdul-Jabbar, Nathasha Lyonne et Serena Williams contrastent avec la pauvreté abyssale du scénario, et sa fausse complexité. Un peu comme si Rian Johnson lui‑même s’était laissé euphoriser par la trop grande liberté offerte par autant d’argent pour réaliser son film.
Résultat des courses : Oignon fait chou blanc, on lui préférera le « Poirot » à la sauce Christie.