par Nicolas Bellet
05 février 2025 - 16h30

5 septembre

année
2025
Réalisateur
InterprètesJohn Magaro, Leonie Benesch, Ben Chaplin, Peter Sarsgaard, Zinedine Soualem
éditeur
genre
sortie salle
05/02/2025
notes
critique
8
10
label
A
© 2024 Paramount Pictures
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© 2024 Paramount Pictures
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Munich, 1972. Les J.O. d’été se déroulent sans encombre jusqu’à la date fatidique du 5 septembre. Une partie de la délégation israélienne est prise en otage. L’équipe de télévision, qui couvre pour la première fois en direct les épreuves sportives, va devoir se transcender pour rendre compte au monde entier de ce qui se passe à seulement 200 mètres de son studio...

 

Jeux interdits

On connaît tous l’histoire de la prise d’otages des J.O. de Munich. Steven Spielberg l’a racontée il y a vingt ans à travers son film Munich, qui se concentrait cependant sur l’après prise d’otages. Dans le film de Tim Fehlbaum, ce ne sont pas tant les événements eux‑mêmes qui intéressent le réalisateur, mais bien la façon dont ils ont été retranscrits en direct par la chaîne ABC. En s’appuyant sur le suspense d’une prise d’otages emblématique (et ô combien actuelle), 5 septembre développe une réflexion implacable sur notre rapport aux images et sur les enjeux de l’information en continu, qui littéralement est née sous nos yeux ce jour‑là.

 

Il faut bien se rendre compte qu’à l’époque, les chaînes d’info n’existaient pas, le mot « terroriste » n’était alors qu’un néologisme abscons, et le monde était encore sous le choc des atrocités allemandes de la Seconde Guerre mondiale. Un choc que ces jeux allemands étaient précisément censés atténuer.

 

Éthique et presse

Brillant exercice de style que ce troisième long métrage du réalisateur suisse. Le film est une véritable plongée en apnée dans la salle de rédaction sportive d’ABC, préparée pour couvrir les J.O. mais d’un coup propulsée hors de sa zone de confort par une actualité géopolitique dramatique. Passionnant de bout en bout, 5 septembre se déroule dans ce lieu à la fois clos et paradoxalement ouvert sur le monde, durant le temps de la prise d’otages.

 

Sans vraiment s’en rendre compte, les journalistes sportifs inventent les règles de la télévision moderne. Ils sont confrontés aux questions que tout journaliste devrait se poser avant de montrer ou de dire quelque chose au monde entier : où est l’information, où est le voyeurisme ? Informer donne‑t‑il tous les droits ? L’éthique est‑elle soluble dans l’immédiateté ? Quid de la concurrence ? Des questions d’une actualité brûlante à l’heure de la surinformation et des réseaux sociaux.

 

L’info pour de vrai

La mise en scène joue avec nos nerfs et nous interroge sans cesse. Le film s’apprécie comme un véritable thriller bombardant le spectateur de questionnements. Malicieusement, la reconstitution minutieuse des années 70 nous montre à quel point notre monde a changé, mais nous fait surtout comprendre que ces problématiques restent actuelles, et pas seulement en ce qui concerne le conflit israélo‑palestinien. Ce n’est pas un hasard si le film est construit autour des véritables images transmises par les équipes d’ABC, elles forment une véritable colonne vertébrale autour de laquelle s’articule le récit, mais sont également rentrées dans la mémoire collective.

 

On reprochera sans doute au film son aspect démonstratif, à la manière du cinéma politique des années 70 avec une belle mise en abyme formelle. On sera également troublé par la difficulté de se focaliser sur un protagoniste en particulier, hormis peut‑être John Magaro ou Leonie Benesch (respectivement Geoffrey Mason et une traductrice allemande, Marianne), autour desquels gravite l’action. 5 septembre est avant tout un film choral. Portant en lui une interrogation, chaque personnage est aussi important que les autres et, au final, presque anecdotique dans cette petite histoire de journalistes qui rejoint ‑et raconte‑ la grande.

 

Le casting enfin, il est impeccable, entièrement au service d’un scénario extrêmement précis, peut‑être un peu trop. L’émotion a peu de place dans cette leçon d’Histoire et d’éthique : elle est certes induite, de fait, par la prise d’otages mais rarement palpable.


Une impression de froideur ou de regard extérieur persiste tout au long du film, compensée, il faut bien l’avouer, par une splendide image granuleuse très années 70. Un film nécessaire à plus d'un titre. 

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