24 heures chrono saison 5
Dix-huit mois se sont écoulés depuis les événements de la saison 4. Officiellement, Jack Bauer est mort. Seuls David Palmer, Tony Almeida, Michelle Desslet et Chloe O’Brian savent que l’ancien agent de la CTU a survécu. Désormais, il travaille sur une plateforme pétrolière sous un nom d’emprunt. À la Maison-Blanche, le président Logan est sur le point de signer un traité militaire très important avec son homologue russe, quand Palmer est assassiné à Los Angeles. La première victime d’un immense complot qui va obliger Bauer à sortir prématurément de sa retraite.
Attention : premier épisode explosif ! Les scénaristes de cette cinquième saison n’ont reculé devant aucun sacrifice pour porter au paroxysme un récit déjà redoutable d’efficacité. Sans innovation majeure, ces nouvelles aventures de Jack Bauer respectent la recette éprouvée lors des précédentes saisons en ne s’interdisant aucune exploitation des filons les plus sombres : morts surprises de personnages importants, utilisation systématique de la torture pour relancer un épisode en perte de souffle, diffusion d’idées patriotiques douteuses et on en passe. Plus on avance, plus il devient difficile de faire la différence entre un groupe terroriste et le CTU. Mêmes méthodes, même sacrifice de la famille au profit des intérêts supérieurs de la mission et même fanatisme primaire pour leurs idéaux respectifs. Jack Bauer et les terroristes : même combat ? La fin justifie-t-elle toujours les moyens ? Si la question est toujours bonne à méditer, que se cache-t-il réellement derrière cette série à succès ?
Critique ou revendication ? Tout dépend de quel côté de l’Atlantique on se place. Pour nous, Européens, Jack Bauer ressemble à une sorte d’antihéros cynique, borné et violent, ayant une certaine idée du patriotisme, des sacrifices à endurer et des méthodes à mettre en œuvre pour parvenir à ses fins. Initiatives entraînant d’ailleurs à chaque fois de nouvelles catastrophes bien plus graves, d’où l’ironie de la situation. Seul notre recul nous sauve du message spécialement adressé à la « Patrie ». Mais force est de constater que les scénaristes du show assument pleinement « leurs » idées, et que de l’autre côté de l’océan, les faits et gestes de Bauer résonnent de toute autre manière.
En déclenchant une avalanche de péripéties aux conséquences désastreuses pour l’individu en tant que tel (perte d’une femme, d’un enfant, d’un otage, d’un collègue, d’un ami…), les auteurs de la série ne font pas dans le détail et emploient sans scrupule ce qu’ils reprochent précisément aux ennemis de Bauer. Mais tout est bon pour tenir les téléspectateurs en haleine et iconiser au maximum leur héros. Fait qui atteint son paroxysme à la fin de la saison 4. Bauer meurt puis ressuscite. Ange christique, il se transforme en pionnier garant d’un renouveau existentiel où l’individu ne vaut plus rien face à l’intérêt de la masse. Une bête esseulée, à la durée de vie écourtée hors du troupeau. La saison 5 va encore plus loin en faisant de chaque individu un grain de sable potentiellement gênant pour la sauvegarde du plus grand nombre. Le président Palmer est assassiné : il n’échappe pas à la règle. Quant au président actuel (qui fait furieusement penser à George Bush), faible et manipulable, Jack Bauer se chargera de le pousser vers la sortie. Son patriotisme est plus fort que la Constitution. Plus fort que tout. Un concept binaire qui ne supporte aucune nuance, c’est blanc ou noir. À chacun de choisir son camp.