2 Days in New York
Qu'on se le dise, Julie Delpy est une réalisatrice qui compte dans le paysage cinématographique français. À cheval entre la France et les États‑Unis (de parents comédiens, elle connaît bien le milieu intellectuel français, qu'elle dépeint souvent avec gourmandise), elle déroule depuis trois films (2 Days in Paris, La comtesse et Le Skylab) des thématiques qui lui sont chères, principalement centrées sur la famille, l'enfance et la figure féminine.
Loin des clichés rose bonbon ou surannés, Delpy préfère parler cash, tourner vrai, suivre sa petite musique intérieure (elle compose d'ailleurs elle‑même ses BO) et expulser tout ça dans un grand tourbillon de sentiments, de rêveries et de fantasmes (voir les apparitions irréelles d'un Barrak Obama en carton, de Vincent Gallo en acheteur « d'âme » ou d'un critique d'art avouant face à l'artiste la nullité de son œuvre).
On retrouve donc Marion à New York, sur le point de présenter sa nouvelle exposition photo (elle et ses ex au lit). À ses côtés, le fils qu'elle a eu avec Jack (voir 2 Days in Paris), son nouveau compagnon Mingus (le stand‑upiste Chris Rock), animateur radio, et la fille de ce dernier. Une famille recomposée et heureuse dont le quotidien déjà pétillant va être bouleversé par l'arrivée pour quelques jours du père de Marion (Papa Delpy à la ville), de sa sœur nympho (excellente Alexia Landeau) et du petit copain de celle‑ci, Manu, parasite de la pire espèce. Bouffe, humour, rapport à l'autre : bonjour le choc des cultures.
Toujours en mouvement, la caméra de Julie Delpy transforme l'habituel cliché sur la ville de New York en un diaporama éclair pris depuis les taxis empruntés par la joyeuse troupe, pour se concentrer sur les personnages, tous tchatcheurs, blagueurs et jouisseurs de la vie. Il y a bien sûr du Woody Allen dans cette façon de capter sur l'instant des trajectoires, les micro‑détails de tous les jours, la confusion des sentiments et cette musique d'écriture, accordée à la virgule près. Un très bon moment en perspective.