1BR : the Apartement
La timide Sarah (Nicole Brydon Bloom) espère fuir un lourd passé familial et tenter sa chance comme costumière à Hollywood. Elle déniche un joli petit appartement dans une copropriété sympathique de Los Angeles où tout le monde semble s’entraider. Mais la jolie trouvaille a des revers : la plomberie fait un tintamarre du diable la nuit et un de ses voisins lui laisse des menaces anonymes. Il ou elle a compris que Sarah avait amené un animal de compagnie, chose formellement interdite par le règlement intérieur, et menace de la dénoncer. Fatiguée par ses nuits sans sommeil, stressée par les menaces et les appels pressants de son père, Sarah décide de repartir. Elle s’apprête à découvrir que son environnement et ses voisins ne sont pas ce qu’ils semblent être…
Au démarrage très convenu de ce thriller d’horreur, le spectateur échafaude une foule de théories : histoire de maison hantée ? Satanisme ? Chronique d’une invasion domestique ? Lutte contre un voisin déséquilibré ? Aucun de ces schémas n’est exact : c’est d’un thème totalement différent ‑mais non moins flippant et actuel‑ dont traite 1BR : the Apartement (1BR est une abréviation immobilière pour « 1 bedroom », autrement dit « 1 chambre »). Un thème qu’il est difficile, voire impossible d’évoquer sans spoiler. Si vous souhaitez que le film vous garde toutes ses surprises, sautez la lecture du paragraphe suivant.
Après quelques séquences, parfois violentes, de torture physique et de lavage de cerveau, Sarah découvre qu’elle a intégré sans le savoir une sorte de secte prêchant l’effacement personnel total au profit de l’altruisme forcé. La résidence est ‑contrairement aux apparences‑ fermée et ses habitants sont autant victimes que geôliers de ce système d’entraide assénée où tout le monde flique tout le monde et où chacun ne se définit que par son rôle communautaire. À cette différence près qu’hommes et femmes sont tous logés à la même enseigne, la thématique du film n’est pas sans rappeler l'affreux faux bonheur dénoncé par le célèbre roman Les femmes de Stepford signé dans les années 70 par Ira Levin et adapté au cinéma par Bryan Forbes (Les femmes de Stepford, 1975) et Frank Oz (Et l’homme créa la femme, 2004).
L’intrigue principale étant posée assez rapidement, 1BR : the Apartment se concentre sur le versant psychologique de son sujet, en l’occurrence l’acceptation et l’intégration progressive ‑au risque de certains incidents (survenue surprise du père de Sarah, faiblesse d’une résidente âgée)‑ de Sarah à son nouvel environnement. À ce titre, la mise en scène de ce premier film pour le réalisateur/scénariste David Marmor est efficace sinon inspirée, et profite d’un bon casting global, particulièrement Nicole Brydon Bloom et Taylor Nichols.
On pourra reprocher au film d’employer au fil du récit un certain nombre d’effets visuels ou scénaristiques parfois élimés, mais ces menus défauts seront pardonnés après un final à double détente assez malin. 1BR : the Apartment est de cette catégorie de film qui, tel Get Out, partent d’un postulat horrifique pour évoquer tout autre chose d'actuel et bien réel. Sans pouvoir rivaliser avec son auguste aîné, le film s’avère une bonne et assez flippante surprise.