100 dollars pour un shérif
Mattie Ross, 14 ans, engage Rooster Cogburn (John Wayne) afin de retrouver Tom Chaney, un bad guy de peu d’envergure responsable du meurtre de son père. Très vite, un Texas Ranger, chargé lui aussi d’arrêter Chaney, se joint à eux. Débute alors un périple à travers les montagnes du Colorado (le film fut tourné à Ridway).
True Grit se déroule à ce moment hésitant de l’Histoire de l’Ouest, où la loi du Talion brûle de ses derniers feux. Bientôt, tuer et juger ne seront plus synonymes, et le film, qui s’ouvre par une pendaison sur la place publique de Fort Smith, s’enferme dans une salle de tribunal où le vieux loup Cogburn doit répondre de ses actes passés.
Tout le projet du film de Hattaway, que creusera encore le récent remake des frères Coen, est là : se tenir sur la ligne encore imprécise où l’Amérique d’hier (le troc, le vol, la vengeance, les posse) doit faire face à celle qui vient (la négociation, la Loi, le peuple). Face à Cogburn, dépositaire d’un Ouest en voie de disparition et déjà légendaire ‑le film s’achève par un arrêt sur image qui mythifie l’image d’un Duke en pleine chevauchée‑, Mattie Ross incarne l’Amérique de demain, contrainte d’avancer dans un entre‑deux ténébreux à la recherche d’un Liberty Valance lâche et balafré.
Réalisé en 1968 et tiré d’un best‑seller de Charles Portis, True Grit (Cent dollars pour un shérif en français) reste l’une des œuvres icônes de la culture américaine et permit à John Wayne d’obtenir l’unique Oscar de sa carrière.