le 25 octobre 2012 - 16h21

Charles Chaplin, Charlot forever

Une allure de vagabond, un chapeau melon étriqué, une petite moustache, une paire de chaussures trop grandes et un talent hors norme ont hissé Charles Chaplin au sommet du septième art.

A

Avec lui, le cinéma a acquis très tôt ses lettres de noblesse. Le Kid, La ruée vers l’or, Les temps modernes ou encore Le dictateur, autant de films devenus des classiques qui ont marqué de leur empreinte la moitié de ce siècle. D’une certaine façon, Charles Chaplin incarne à lui seul le cinéma.

 

Premier contrat

Né à Londres en 1889 d’une mère chanteuse de music‑hall, le jeune Charles vit son enfance dans la misère. Obligé de se débrouiller seul, il a 9 ans lorsqu’il est engagé pour plusieurs tournées en Angleterre et dans le reste de l’Europe. En 1913, le réalisateur Mack Sennett, égérie des fameuses slapstick des années 10 (humour impliquant une certaine violence physique volontairement exagérée), le remarque et lui fait signer un contrat d’un an dans sa maison de production, la Keystone.

 

Naissance de Charlot

Après un premier court métrage dans lequel il joue le rôle d’un mime, Chaplin tourne Charlot est content de lui en 1914. C’est à l’occasion de ce film qu’il invente (sans le vouloir) son fameux personnage de Charlot. Le hasard le conduit, en effet, à endosser un costume de clochard. Satisfait du résultat, il décide d’en faire sa tenue attitrée. Très rapidement, le rythme des tournages s’accélère. Chaplin enchaîne les bobines et rencontre auprès du public un immense succès.

 

La United Artists

Après plusieurs changements de maison de production qui lui garantissent toujours plus de liberté, la coqueluche du public américain décide de fonder sa propre société, la United Artists, en compagnie de Mary Pickford, Douglas Fairbanks et D.W Griffith. Il consacre alors l’année 1920 à la réalisation de son premier long métrage, The Kid, qui n’excédera pas 52 minutes. Pour Chaplin, ce film devait lui permettre de trouver une sorte de fils spirituel, de descendant à son personnage de Charlot. Il confie alors au très jeune Jackie Coogan le soin de partager la vedette avec lui. Le film décroche la palme du plus grand succès au box‑office depuis Naissance d’une nation de Griffith.

 

Premier chef-d'œuvre

En 1923, alors que tout le monde attend la prochaine aventure du vagabond, Chaplin décide de tourner L’opinion publique, un film dramatique avec Adolphe Menjou et Edna Purviance (héroïne féminine de la plupart de ses courts métrages) et n’apparaît que quelques minutes. En 1925, il tourne l’un de ses chefs‑d’œuvre : La ruée vers l’or. Deux ans plus tard, le parlant fait son irruption sur les écrans. Al Jonson surprend tout le monde en s’adressant à sa mère à la fin du Chanteur de jazz. L’époque du muet appartient désormais au passé.

 

Le parlant, pas pour lui

Après Le cirque (1927) qui lui vaut ses premières nominations aux Oscars, Charles Chaplin décide de ne pas céder à la tentation du parlant. Pour lui, cette avancée technologique est inutile et alourdit terriblement, tant le style visuel que les dialogues, platement débités par des acteurs ampoulés. Il tourne alors deux autres films muets, tout en continuant à composer ses propres partitions sonores : Les lumières de la ville en 1931 puis Les temps modernes en 1935.

 

Les temps modernes (1936)

Les temps modernes (1936)

 

Engagement

En 1940, il réalise son film le plus engagé. Le dictateur ridiculise l’Allemagne d’Hitler (transformé ici en Adenoid Hynkel) et sort en plein conflit mondial. Dans ce film, il interprète deux rôles : celui d’un petit barbier juif qui n’est pas sans évoquer le personnage de Charlot, et celui du dictateur. Le film obtient un énorme succès public et critique. Mais la fin de la guerre marque pour Chaplin une période douloureuse.

 

La chasse aux sorcières

C’est le début de la Guerre froide et la paranoïa s’empare du pays. Sous la houlette du sénateur McCarthy, une première commission des activités anti‑américaines se réunit en 1947. La chasse aux sorcières commence. Chaplin, qui n’avait jamais réclamé la nationalité américaine, est accusé d’avoir des opinions communistes. L’atmosphère s’assombrit et Chaplin a juste le temps de tourner Monsieur Verdoux avant de s’exiler en Angleterre en 1952. Là‑bas, il réalisera l’un de ses plus beaux films, Les lumières de la ville et ne retournera aux États‑Unis que vingt ans plus tard pour recevoir un Oscar d’honneur, couronnant la carrière du maître du septième art. Charles Chaplin s’éteint en 1977.

 

Filmographie sélective

1921 : Le Kid (The Kid) • 1923 : L’opinion publique (A Woman of Paris) • 1925 : La ruée vers l’or (Gold Rush) • 1927 : Le cirque (The Circus) • 1931 : Les lumières de la ville (City Lights) • 1936 : Les temps modernes (Modern Times) • 1940 : Le dictateur (The Great Dictator) • 1947 : Monsieur Verdoux (id.) • 1952 : Les feux de la rampe (Limelight) • 1957 : Un roi à New York (A King in New York) • 1967 : La comtesse de Hong‑Kong (The Countess from Hong‑Kong)

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