Alors que les salles de cinéma françaises, avec une jauge de 35%, ont enregistré 305 000 entrées pour le premier jour de leur réouverture hier après six mois de fermeture -performance inégalée en Europe- les spectateurs américains expriment une réticence toujours plus grande à retourner dans les salles obscures.
Désaffection du cinéma aux États-Unis
Un récent sondage de la société américaine Whip Média, spécialiste des transactions liées au marché de l'entertainment vidéo (, , …), montre que les consommateurs sont sensiblement moins disposés à visionner des nouveaux films dans les salles, comparé à un même sondage mené l'année dernière à la même époque. Et ce, malgré l'assouplissement des restrictions Covid-19 et une programmation accélérée de nouveaux longs métrages destinés aux grands écrans.
Les chiffres de la désaffection
Les raisons qui motivent cette prudence sont associées à des préoccupations de santé bien sûr, mais aussi à la progression fulgurante du streaming au sein des foyers et, enfin, à l'émergence de la PVOD (Premium VOD). Lors de l'enquête 2021 de Whip Media, deux fois plus de personnes ont affirmé qu'elles verraient moins souvent des films dans les salles. Ainsi, parmi les répondants qui ont déclaré avoir l'intention de retourner au cinéma en 2021, 24% ont déclaré qu'ils prévoyaient d'aller au cinéma moins souvent, contre 12% en 2020. Et pour être complet sur la question de la fréquentation des salles obscures, 68% ont déclaré qu'ils prévoyaient d'aller au cinéma avec la même fréquence qu'avant la pandémie, contre 80% en 2020.
Les raisons de la désaffection
Parmi les répondants qui ont déclaré qu'ils iraient moins au théâtre, 67% ont déclaré que la principale raison résidait dans l'obtention des films qu'ils aiment sur les services de streaming (Netflix, Amazon, Disney+). C'est un chiffre 21% plus élevé que celui relevé à la même question en 2020. 40% ont déclaré pouvoir regarder le film en version PVOD, contre 30% en 2020. Enfin, 52% ont déclaré qu'ils iraient moins au cinéma car ils sont préoccupés par la santé et la sécurité (2021) contre 69% en 2020. L'enquête a également révélé que les familles ont alimenté une croissance de 35% de la PVOD au cours de l'année dernière.
Le futur du cinéma en jeu
La pandémie de Covid-19, confirmant la crainte de nombreux professionnels de l'industrie du cinéma (cf. nos actualités Tenet, Covid… Christopher Nolan très inquiet pour le cinéma et Le cinéma réellement en voie d’extinction ?), pourrait donc bien avoir modifié en profondeur les habitudes des consommateurs en matière de loisirs audio-vidéo. Compte tenu de l'équation économique de la salle cinéma, toute baisse durable de l'audience est susceptible de remettre en cause la production des films les plus onéreux, ceux à grand spectacle donc les plus adaptés à un visionnage en salle. Ce serait enclencher un cercle vicieux : moins de spectateurs, moins de films à grands spectacles, donc moins de spectateurs, etc. Et si Hollywood freine, c'est le marché mondial du cinéma qui cale. Heureusement, le pire n'est jamais sûr…