On a vu Téhéran : la nouvelle perle israélienne d’espionnage sur Apple TV+

le 03 décembre 2020 - 16h52

Critique de Téhéran, passionnante et surprenante série d’espionnage israélienne proposée par Apple TV+.

Tamar Rabinyan (Niv Sultan), jeune hackeuse travaillant pour le Mossad, les services secrets israéliens, est envoyée en Iran. Tamar, dont la famille est d’origine iranienne, doit remplacer une employée du siège de la compagnie d’électricité nationale. Sa mission consiste à placer un virus dans l’informatique de l’entreprise pour neutraliser à distance la défense antiaérienne iranienne protégeant un site nucléaire. Pendant ce temps, Faraz Kamali (Shaun Toub), efficace officier du contre-espionnage iranien, s’apprête à quitter son pays pour suivre en France sa femme, opérée d’un cancer au cerveau. Si l’échange d’identité entre Tamar et l’employée se déroule parfaitement, un grave incident va compromettre la couverture de l’espionne et mettre Faraz sur ses traces.

 


L'espionnage, une spécialité maison

Les Israéliens ont déjà prouvé leur savoir-faire en matière de séries d’espionnage et de suspense. Dans ces deux domaines, on ne citera qu’Hatufim, la série qui a inspiré Homeland et rénové le récit d’espionnage, ou encore Hostages. Téhéran (Tehran) offre une nouvelle gemme à cet âge d’or des séries israéliennes.


Niv Sultan, remarquable

Passé un moment de perturbation -Niv Sultan, la géniale interprète de Tamar, est quasi-jumelle d’Alicia Vikander- on est embarqué avec efficacité dans cette mission ultra-dangereuse. Une tâche où le moindre faux pas peut être fatal et lors de laquelle Tamar va bien souvent trébucher, pour le plus grand plaisir du spectateur.

 

 

Première surprise : dialoguée en majeure partie en farsi avec d’occasionnelles séquences en hébreu et en anglais, Téhéran dépeint une Iran aussi éloignée des clichés cinématographiques que de la propagande de la junte religieuse en place. La jeunesse -celle en tout cas qui n’est pas instrumentalisée par le pouvoir- tente de survivre et de faire la fête, personne ne semble réellement dupe du mirage religieux promis par les mollahs. Mais cela n’empêche pas les uns et les autres de faire leur travail au mieux : sans haine mais également sans remords. Dans ce domaine, on distingue Shaun Toub (Snowpiercer, Homeland) qui, avec Faraz, campe un personnage touchant, brillant et bien flippant. C’est d’ailleurs le second bon point de la série : tous les protagonistes, y compris les figures secondaires, sont non seulement remarquablement écrits, mais aussi formidablement interprétés.

 

Tout est bon pour parvenir à ses fins

Troisième bonne surprise avec une absence remarquable de parti pris : les Iraniens protègent les intérêts de leur pays et les Israéliens les leurs. Dans ce jeu de chat et de souris -qui recèle nombre de jolies péripéties- nul ne se soucie d’une quelconque morale. Tous les coups sont permis : chantage physique ou affectif, exécution, mensonges éhontés et dénonciation, tout est bon pour parvenir à ses fins. 

 

 

Immersion garantie

Grâce à la solidité de son scénario et à un casting parfait -Niv Sultan est, répétons-le, impériale- Téhéran offre un récit riche en émotion que l’on suivra presque en apnée tant il est intense. On pourra juste moins savourer l’épilogue mené au pas de charge. S’il ouvre clairement sur une saison 2, le dénouement s'avère un poil trop abrupt à boucler plusieurs trames narratives importantes.

 

Téhéran, série en 8 épisodes de 49 minutes, est disponible en exclusivité sur Apple TV+.

pour continuer