Pour son premier film américain, le cinéaste argentin Damián Szifron (à qui l’on doit l’excellent film à sketchs Les nouveaux sauvages sorti en 2014) signe un polar nerveux et immersif dans la veine de Seven et du Silence des agneaux, auquel il ne manque vraiment pas grand-chose pour qu’il entre au panthéon des grands films de tueur en série, genre qui a connu son apogée dans les années 90 et qui, faute de scripts à la hauteur, est quasi tombé en désuétude depuis.
Pourtant, dès la scène d’ouverture, magistrale et percutante, le cinéaste renoue en fanfare avec le genre, jouant sur les architectures, les points de vues et les perspectives avec une maestria déconcertante, créant un terrain de jeu exceptionnel pour sa caméra virevoltante et subtile.
On ne passe pas loin du chef-d’œuvre
Et si l'explosivité et la tension de la première séquence manquent un peu par la suite, le duo formé par Shailene Woodley, en enquêtrice intuitive abîmée, et Ben Mendelsohn, en agent du FBI classe et retord, est époustouflant. Naviguant sur un terreau qui résonne forcément avec les tueries de masse qui font la triste actualité aux USA, les scènes de violence sont terribles à l’écran. Mais il manque encore à Misanthrope un « tueur en série cinématographique à la hauteur », une figure cinématographique inoubliable, celle d’un Hannibal Lecter ou d’un John Doe. Le tueur de Misanthrope manque clairement de justification et de force.
Tout le reste, Damián Szifron l’a mis dans son film. On n’est pas passé loin du chef-d’œuvre. La prochaine fois, peut-être. Disponible au cinéma.