Le consortium Ultra HD Alliance (cliquez pour en savoir plus) souhaite que les consommateurs puissent profiter des films et séries avec la meilleure qualité possible sur les téléviseurs, c'est‑à‑dire en préservant les intentions des créateurs de contenus, directeurs de la photographie et réalisateurs en tête.
Filmmaker Mode pour préserver l'œuvre ?
À ce titre, a été présentée hier l'option Filmmaker Mode, à grand renfort de témoignages vidéo (cf. ci‑dessous) de prestigieux réalisateurs, James Cameron, Christopher Nolan et Martin Scorsese en tête. L'idée, à travers une donnée métadata présente sur le disque Blu‑Ray ou dans un flux streaming (destinée à activer automatiquement le Filmmaker Mode du TV), ou encore via un bouton directement accessible sur la télécommande, est de profiter des contenus labellisés (films, séries TV) comme ils ont été créés. Soit avec les spécifications techniques voulues par le réalisateur, son chef‑opérateur, etc.
Cela concerne la compensation de mouvement, la fréquence d'affichage, le rendu des couleurs, un réglage du point blanc selon la norme D65 (sur les signaux SDR et HDR), le format de l'image et tous les traitements vidéo disponibles (réduction du bruit, amélioration des contours, renforcement des contrastes…). Bien sûr, pour en profiter, il faudra disposer d'un TV certifié Filmmaker Mode. Trois marques ont été citées hier, LG, Panasonic et Vizio.
Filmmaker Mode, mode Cinéma bis ?
Si l'idée est bonne, moult interrogations subsistent. En premier lieu, quid du mode Cinéma présent dans les TV et qui intègre déjà 90% des recommandations annoncées du Filmmaker Mode ? Ensuite, on peut se demander si ce mode ne va pas finalement créer plus de problèmes qu'en résoudre. En effet, une immense majorité des fonctionnalités présentes sur les TV ne sont pas là par hasard, elles ont été développées pour améliorer les faiblesses inhérentes aux technologies LCD ou Oled (plasma en leur temps), ou celles des technologies du marché de la vidéo (compression en tête du signal) en comparaison d'un écran de cinéma. Même si les téléviseurs les plus sophistiqués du marché sont capables de proposer une image à peu près « propre », ce n'est pas le cas des autres.
Compensation de mouvement en attendant le HFR ?
L'autre interrogation concerne l'intérêt des consommateurs pour ce type de réglage. L'année dernière, Netflix avait en effet présenté au salon IFA de Berlin le mode Netflix Calibrated avec peu ou prou le même discours que l'Ultra HD Alliance à propos du Filmmaker Mode. Résultat ? Quelques mois après, ce n'est plus un sujet ou presque alors que le HDR Dolby Vision (et dernièrement le HDR10+) est très largement plébiscité par le public, abonnés de Netflix en tête. Et, concernant la compensation de mouvement désactivée avec Filmmaker Mode, il est amusant de constater que dans les témoignages vidéo des principaux réalisateurs, aucun n'évoque la question. Sans doute parce que James Cameron, Martin Scorsese ou Ang Lee militent pour l'instauration au cinéma de la technologie HFR (cf. notre actualité La standardisation DCI cinéma (HDR et HFR) se précise) et que les procédés de compensation de mouvement sont un moyen détourné (perfectible certes mais c'est le seul) d'y parvenir, en attendant.
Enfin, nul doute que ces acteurs majeurs du cinéma, mais aussi de l'image, sont parfaitement au courant de l'évolution du jeu vidéo dont l'affichage à 60 images par seconde, déjà disponible sur certains titres Xbox One X, va devenir un prérequis sur les prochaines consoles PlayStation 5 et Xbox Project Scarlett. Or, les amateurs de jeu vidéo sont aussi le public privilégié des plus gros blockbusters cinéma, assurant l'immense majorité de leurs entrées. Si le package technologique du 7e art n'évoluait pas dans ce sens, la comparaison avec le jeu vidéo risque d'être cruelle…