Vous l'aurez sans doute déjà constaté, nous parlons bien dans l'introduction de notre actualité de « diffusion cinéma » et non plus de « projection cinéma ». Car avec la disparition programmée des projecteurs, la plus importante révolution du septième art, qui en a pourtant déjà connu bien d'autres, est en route.
Le cinéma, surclassé techniquement par la télévision
C'est un fait, l'industrie cinématographique est aujourd'hui à la traîne sur le plan technique comparée aux multiples évolutions qui ont rythmé le marché TV depuis l'apparition de l'écran plat. Alors que le cinéma a toujours joué le rôle de leader technologique en proposant aux spectateurs toutes les innovations audio et vidéo du moment, pour la première fois de son histoire, depuis l'émergence du HDR sur l'écran du salon, le téléviseur offre une expérience visuelle de qualité supérieure. Alors, bien sûr, reste aux salles obscures l'atout de la taille de l'image. Mais avec un système audio de qualité et des diagonales d'écran de plus en plus grandes, de résolution Ultra HD/4K (et bientôt Ultra HD/8K) éliminant le souci du recul (l'effet de grille disparaît avec une densité de pixels accrue), l'expérience Home Cinéma rivalise avec le cinéma sur l'immersion. Surtout lorsque l'on élimine les problèmes de voisinage liés aux séances publiques : les bruits de papier des sucreries, le « scrouth » du pop‑corn, la lumière des écrans de smartphones consultés pendant le film, ou encore les réactions bruyantes de certains spectateurs…
La révolution de l'écran LED
Le cinéma se devait donc de réagir. C'est le cas avec l'arrivée de la technologie Onyx Cinema LED 4K de Samsung. Pour faire court et pour simplifier, un écran Onyx se rapproche furieusement des concepts Micro LED TV Samsung présentés au salon CES de Las Vegas depuis deux ans (cf. nos actualités CES 19 > TV Micro LED Ultra HD Samsung 75'', 84'' et 219'' présentés et CES 19 > TV Micro LED Samsung The Wall et The Window), et dont la commercialisation d'un premier modèle est annoncée pour 2020.
L'idée du groupe coréen est d'assembler de multiples blocs constitués de LED pour former un mur d'image. Si ce procédé n'est pas nouveau, les murs d'image LED Mitsubishi sont par exemple présents depuis des lustres sous forme d'écran géant dans les stades à travers le monde, Samsung est parvenu à améliorer sensiblement la technologie. D'abord en réduisant la taille des diodes, donc la taille du pitch (écart inter‑pixel), pour atteindre une très importante densité de pixels, ensuite en rendant invisible (ou quasi) les bordures des blocs. Résultat, à partir de quelques dizaines de centimètres de recul apparaît la vision d'un énorme écran TV, la dynamique lumineuse en plus par rapport à une image projetée.
Dynamique d'image inédite
La technologie émissive de l'écran Onyx Cinema LED Samsung, disponible pour le moment en trois tailles, 5,1 m de base, 10,2 m (c'est la dimension de celui du cinéma Pathé Beaugrenelle) et 14 m, offre de nombreux atouts. Le principal réside dans un pic lumineux largement plus important que celui offert par la vidéoprojection. Alors qu'avec un écran classique de cinéma, on tourne aux alentours de 80/100 nits, l'écran Onyx peut afficher jusqu'à 700 nits. Conscients que cet important niveau de luminosité rapporté à la superficie de l'image peut entraîner une certaine fatigue oculaire, les créateurs des écrans Onyx précisent dans un cahier des charges que ces derniers doivent réglés pour afficher 300 nits.
Et croyez‑nous, la différence avec une autre salle est patente dès les premières secondes. Le film diffusé pour la découverte de cette technologie, Le chant du loup (vraiment réussi), dont l'action conte les aventures de la (sous-)marine nationale, offre une dynamique visuelle inédite. Difficile après avoir goûté à une séance Onyx de regarder le film dans une salle classique. Nous avons vécu la situation à 48 heures d'intervalle, incroyable comme Le chant du loup paraît éteint avec un projecteur cinéma.
À savoir, le film a bénéficié d'une remasterisation HDR EclairColor réalisée par les laboratoires du même nom, en phase avec le cahier des charges Onyx 100% compatibles avec les normes DCI (Digital Cinema Initiatives), étape indispensable pour tirer la quintessence du procédé Onyx. Mais l'exploitant du complexe Pathé Beaugrenelle assure que l'amélioration visuelle est également visible avec un film classique, soit SDR, un mode spécifique Onyx ayant été développé pour ces contenus. En termes de contenus HDR Onyx à venir, rien de précis encore même si les prochains films Disney de la franchise Marvel ont été évoqués lors de la présentation.
Onyx Cinema LED compatible 3D…
Enfin, parmi les ultimes précisions techniques liées à l'Onyx, sachez que Samsung annonce pour ses écrans une durée de vie de 17 ans environ, qu'il est possible de changer aisément un module LED défectueux et de recalibrer l'ensemble dans la foulée (pour éviter un pavé LED plus lumineux au milieu d'autres LED « fatiguées », donc une tache de lumière sur l'écran) et que la consommation d'un écran Onyx est moindre que celle d'un projecteur laser. Côté tarif, si le prix d'un ticket de la salle Onyx est pour le moment identique à celui d'une autre salle, il devrait augmenter de 3 € lors de la diffusion de film en relief. Car Onyx est compatible avec le procédé 3D active (cf. illustration ci‑dessus). Quand on vous disait que, sur le marché de l'image, donc celui du cinéma et du téléviseur, la technologie Mini LED/Micro LED allait tout changer…