Présent à Lyon pour présenter sa version revue et corrigée de Heat (1995), le cinéaste a rencontré Julien Gester pour le journal Libération. Un superbe entretien au cours duquel Mann, dont le cinéma vole à cent coudées au‑dessus de la production actuelle et à qui l'on doit seulement onze longs métrages en trente‑cinq ans (Miami Vice, Public Enemies, Hacker…), confirme qu'il n'a pas du tout touché au montage de Heat hormis deux courtes répliques (remake sous haute tension de son propre téléfilm L.A. Takedown réalisé en 1989), mais que l'attrait de la restauration HD numérique et la possibilité de corriger les cadrages et d'entrer numériquement à l’intérieur des plans, l'ont beaucoup séduit : « Cela m’a permis de créer des tensions, une intensité dramatique, des subtilités de mise en scène, des accroches émotionnelles (…) Aujourd’hui, je peux diviser votre visage en deux, illuminer complètement ce côté et plonger l’autre dans l’ombre, fermer votre œil droit et faire ressortir l’œil gauche, ou en faire un faisceau laser… Tout cela offre de nouvelles possibilités post‑tournage », confie‑t‑il au journaliste.
Concernant la restauration 4K à proprement parler, on comprend bien un peu plus loin à quel point il s'est impliqué dans les moindres détails, les moindres changements de couleur, comme une nouvelle création : « C’est un peu technique, mais il faut convertir les masters existants vers les nouveaux standards de définition, le 4K. Or, il n’y a pas d’auto‑ajustement (…) Vos couleurs vont bouger. On ne peut pas appliquer une seule formule, votre bleu ne sera plus bleu de lui‑même (…) Il faut donc reconfigurer chaque paramètre qui travaille à l’expérience du film. Cela ne fait pas une différence énorme à l’échelle de l’écran d’un ordinateur portable, mais mon souci, c’est sa projection en grand, et je ne laisserai jamais cette tâche entre les mains de techniciens ».
Pas de date de sortie du nouveau Heat encore communiquée. Comptez sur nous pour vous tenir informés de nos investigations auprès de Warner.