Par rapport à notre tableau, pessimiste il est vrai, dépeint dans notre précédente actualité sur le sujet, Alain Komly indique que l'un des souhaits majeurs de TDF est de continuer à faire évoluer la TNT, même si la diminution des fréquences de diffusion, avec l'organisation par le gouvernement d'enchères pour la bande de 700 MHz dans un an, ne facilite pas les choses. Toutefois, A. Komly l'affirme, la feuille de route de TDF reste ambitieuse avec, à terme, la disponibilité pour le téléspectateur de chaînes au format Ultra HD. La question est de savoir ce que recouvre l'expression « à terme ». Explications.
En premier lieu, passage au tout-Mpeg 4
Pour cela, TDF rappelle quelques faits. Actuellement, la TNT est relayée par huit multiplex dotés d'une bande passante maximale de 25 Mbps, en Mpeg2 et Mpeg4, avec la technologie DVB‑T. Pour aller plus loin et proposer, à terme donc, des programmes en Ultra HD, le but dans un premier temps, soit en avril 2016, est d'arrêter la diffusion Mpeg2 pour privilégier le Mpeg4, codec moins gourmand en bande passante. À cette occasion, toutes les chaînes de la TNT pourraient passer à la HD via six multiplex. Encore une fois, gardez à l'esprit que le Mpeg4 n'est pas forcément synonyme de diffusion HD : il est tout à fait possible pour une chaîne d'émettre en SD Mpeg4. Et aujourd'hui, nous n'avons pas de déclarations tangibles sur les intentions des patrons de chaînes encore en SD d'embrayer sur une diffusion HD lors de l'arrêt du Mpeg2. Il apparaît toutefois que, pour diverses raisons, ce soit pour tous les diffuseurs la suite logique des choses.
Deuxième étape, passage au DVB-T2 et HEVC
Dans un deuxième temps, le passage à la norme DVB‑T2 va permettre d'augmenter le débit de chaque multiplex de 25 Mbps à 33 Mbps, et l'adoption (progressive) par les broadcasters du HEVC aura pour conséquence de retrouver des marges de manœuvre au niveau de la bande passante. En effet, d'un côté le débit disponible augmente d'environ 30% et de l'autre le HEVC « consomme », à résolution égale, moitié moins de bande passante. Avec l'idée finale de scinder les six multiplex en deux groupes de trois : le premier dédié à la diffusion de certaines chaînes de la TNT au format Ultra HD, le second aux chaînes restantes en HD.
Quelle offre Ultra HD au final ?
Alain Komly prévoit toujours un total de 33 chaînes de télévision : 9 sur le pool de multiplex UHD (3 par multiplex avec un débit moyen de 11 Mbps) en 50 images par seconde (progressif donc) avec un encodage couleur des pixels 10 bits, et 24 sur le pool de multiplex HD (8 par multiplex avec un débit moyen d'un peu plus de 4 Mbps). Cela sera rendu possible grâce à une efficacité accrue du HEVC sur une image Ultra HD comparée au Mpeg4, de 60% à 65%, alors que celle‑ci est de 50% sur un signal Full HD. Cette transition de la TNT actuelle vers une TNT capable de diffuser des chaînes Ultra HD et Full HD est connue sous l'étape UHD Phase 1. Si tout se passe comme prévu, cette « nouvelle TNT », pour laquelle nous signons d'emblée à la rédaction d'AVCesar.com, ne verra pas le jour avant 2021/2022. Le temps que toutes les chaînes abandonnent le Mpeg4 au profit du HEVC. Avec le secret espoir tout de même, nous déclare A. Komly, de voir les technologies largement évoluer avec le temps, notamment au niveau des algorithmes de compression pour « loger » quatre flux Ultra HD par multiplex. Mais si cela arrivait un jour, autant le préciser tout de suite, la notion du temps se compte en années, voire en lustres.
Pourquoi ne pas adopter directement le HEVC ?
Comme explicité dans notre précédente actualité sur la question, les patrons de chaîne opteront pour la diffusion HEVC seulement à partir du moment où l'équipement des foyers sera une réalité, soit à l'horizon de six à huit ans, le temps pour les consommateurs de renouveler leur TV, d'en acquérir un avec gestion du HEVC. Il s'agit bien sûr d'un timing théorique, une solution de substitution existe dans l'absolu, soit forcer le téléspectateur à acheter un adaptateur HEVC externe (comme au temps du lancement de la TNT) pour amorcer la bascule vers le HEVC dans les foyers. Certes. Toutefois, pour toucher l'ensemble du public, les chaînes devraient dans ce cas assurer une double diffusion (Mpeg4 et HEVC), trop gourmande en bande passante. Une impasse.
Et après ?
À savoir, l'étape UHD Phase 2 est déjà prévue et elle intègre une amélioration sensible de la qualité d'image Ultra HD. Elle devrait en effet intégrer moult améliorations de l'image avec les technologies HDR (High Dynamic Range), HFR (High Frame Rate) 100p et gamut étendu Rec.2020. En revanche, impossible d'avancer un planning pour son déploiement, de nombreux obstacles techniques restent à aplanir, dont celui de la bande passante qui reviendra indubitablement sur le tapis avec, peut‑être, l'obligation de changer encore de codec de compression pour gagner en efficacité.
En attendant, pendant de longues années encore, les seuls moyens de profiter de contenus Ultra HD/4K natifs sur nos TV idoines seront les offres OTT telles Netflix ou Wuaki.tv (avec toutefois l'obligation de disposer d'un débit suffisant, soit une extrême minorité de Français), le Blu‑Ray Ultra HD/4K annoncé pour Noël 2015 et, surtout, les traitements vidéo d'Upscaling proposés par les différentes marques de téléviseurs. Une bonne occasion pour elles de mettre en avant leur savoir‑faire vis‑à‑vis de leurs concurrentes. Avec une conséquente immédiate, le retour à un discours où la part belle sera donnée à la qualité d'image.